Les mots de l'actualité : une chronique pétillante qui éclaire en deux minutes un mot ou une expression entendue dans l'actualité.
Un océan de câbles… Voici le titre d’un documentaire proposé par RFI sur tous ces liens déposés dans l’océan et qui véhiculent tant d’informations. Et il insiste sur quelque chose qu’on a bien souvent tendance à oublier : le virtuel passe par du concret : ces câbles sont bien matériels : ils ont un poids, une texture ; et même une fragilité : ils sont vulnérables et en cas de conflit peuvent être des cibles.
Mais qu’est-ce qu’un câble ? En gros c’est une corde, une grosse corde. C’est-à-dire un entrelacs de fils tressés pour constituer un lien solide, parce que torsadé. Et bien souvent ces fils sont métalliques, pour cette même raison : la solidité. Le câble peut donc tenir des charges très lourdes : fardeaux soulevés par une grue, ascenseur, téléphérique, ou funiculaire quand on pense à ces petits wagonnets qui montent des pentes si escarpées, et dont le nom même en français évoque cette traction : funis veut bien dire corde en latin.
Mais le câble métallique sert aussi bien souvent à faire circuler l’électricité : quand il est en métal, il est comme on dit très conducteur. C’est-à-dire que le courant électrique peut se frayer un chemin par ce moyen. Mais on l’a aussi utilisé comme relais du télégraphe : les impulsions électriques permettaient par un système de code alphabétique d’envoyer des lettres, donc des mots, donc des messages entiers d’un point à un autre. Le câble est donc devenu le mot par lequel on désignait le message lui-même. Et le verbe câbler voulait dire à peu près télégraphier : Il m’a câblé la nouvelle. Mais on vous parle là de techniques déjà anciennes. Le mot garde le souvenir de cet usage, mais l’usage, lui, n’existe plus. Mais ce souvenir est pour beaucoup dans les usages contemporains qui sont nombreux. En effet on a vu qu’on parlait encore des câbles qui assurent les liaisons internet. Le mot a donc été très à la mode il y a quelques années pour évoquer ce lien : on est câblé ou on ne l’est pas, selon qu’on est relié ou pas à cette toile, même si au bout du câble, un système d’ondes fait qu’on peut être englobé dans ce réseau sans avoir un fil à la patte. Et par ailleurs, un système de distribution des chaînes de télévision se fait aussi largement par ce moyen. Et des systèmes d’abonnement permettent d’accéder à des bouquets de chaînes nombreuses et différentes. Être câblé revient donc à peu près à être connecté. Se câbler équivaut parfois à s’acheter un de ces abonnements ou simplement à s’équiper, acquérir un ordinateur, créer une adresse électronique, utiliser la toile pour récolter des informations ou en donner, bref participer à ce grand mouvement qui fait que beaucoup de gens communiquent avec beaucoup de gens, même si tout le monde n’est pas au rendez-vous. Et au figuré, évidemment, être câblé c’est être au courant… On voit bien que l’image électrique est la même ! L’expression est moins entendue de nos jours, elle a vieilli vite, mais elle n’est pas tout à fait hors d’usage !
Et bien sûr il ne faut pas oublier l’expression familière péter un câble : comme si une liaison neuronale avait sauté : on a pété un câble quand on a perdu le contrôle, qu’on a explosé de colère, qu’on a passé les limites que d’ordinaire on ne franchit pas.
Avertissement !
Ce texte est le document préparatoire à la chronique Les Mots de l’Actualité. Les contraintes de l’antenne et la durée précise de la chronique rendent indispensable un aménagement qui explique les différences entre les versions écrite et orale.
En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF)
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