Les Etats-Unis ont durci les sanctions contre l'Iran. Ils mettent fin aux dérogations dont bénéficiaient huit pays importateurs de brut iranien. Vont-ils réduire à zéro les exportations iraniennes, comme ils l'annoncent ? C'est l'objectif affiché par la Maison Blanche : réduire à zéro les exportations iraniennes de pétrole. Celles-ci ont déjà été divisées par deux depuis la réintroduction des sanctions pétrolières américaines contre Téhéran, en novembre dernier. A l'époque, Donald Trump craignait une flambée des cours du baril, et donc des prix de l'essence aux États-Unis. Il avait accordé des dérogations à huit États pour qu'ils puissent continuer d'importer pendant six mois du pétrole iranien. Contribution des alliés « L'administration américaine, dont l'objectif stratégique est d'affaiblir l'Iran, estime aujourd'hui que le marché pétrolier est suffisamment approvisionné, avec une production de pétrole américaine qui continue d'augmenter, et des alliés qui vont apporter leur contribution », commente Francis Perrin, directeur de recherche à l'IRIS. L'Arabie saoudite et les Émirats Arabes Unis se sont en effet engagés à assurer la stabilité du marché pétrolier, trop contents de voir l'Iran de nouveau affaibli. Nouveau délai de grâce Les dérogations aux pays clients de l'Iran prendront donc fin le 2 mai prochain. Cela signifie-t-il que l'Iran n'exportera plus de pétrole ? Pas si simple. Si l'Italie, la Grèce et Taiwan n'importent déjà plus de pétrole iranien, si la Turquie, malgré ses protestations, a fortement réduit ses achats (97 000 barils par jour en mars), de même que le Japon (108 000), la Corée du Sud (387 000), l'Inde (258 000) et la Chine (600 000) restent de gros clients de l'Iran. « Parmi eux seule la Chine est en mesure de tenir tête aux États-Unis, juge Philippe Sébille-Lopez, du cabinet Géopolia. Pékin est de toute façon dans un conflit commercial beaucoup plus large avec Washington ». Pour les autres « un nouveau délai de grâce est déjà prévu par l'administration américaine, derrière la fermeté de façade. ». L'Iran devrait donc continuer à vendre du brut. Tension annoncée au sein de l'Opep La Maison Blanche veut éviter une nouvelle flambée des prix du baril, qui a déjà franchi les 74 dollars ce lundi. Si Donald Trump veut un deuxième mandat, ce n'est pas le moment de faire repartir les prix à la pompe. La production décline toujours au Venezuela et elle est instable en Libye et au Nigeria. La contribution de l'Arabie saoudite et des Émirats Arabes Unis devrait certes éviter la surchauffe. Ils peuvent rouvrir les vannes, après les avoir refermées ces derniers mois. Mais il faudra qu'ils fassent avaler la pilule aux autres membres de l'Opep, dont l'Iran, au prochain sommet de l'organisation.
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