iVoox Podcast & radio
Download app for free

Podcast
Aujourd'hui l'économie
By sinatou saka
1,709
38
Aujourd'hui l'économie vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique, du lundi au vendredi à 06h16 TU, toutes cibles.
Aujourd'hui l'économie vous propose un rendez-vous quotidien pour décrypter un fait marquant de l'actualité économique, du lundi au vendredi à 06h16 TU, toutes cibles.
La Chine, grande gagnante des mesures de Donald Trump?
Episode in
Aujourd'hui l'économie
La Chine est dans le viseur de Donald Trump. Le président américain a imposé 20 % de droits de douane sur tout produit chinois importé sur le sol américain. Son ambition, c'est de mettre en difficulté l'économie chinoise tout en relançant la production aux États-Unis. Mais paradoxalement, Pékin pourrait sortir gagnante de cette guerre commerciale. Décryptage.
L’idée fait son chemin: Pékin peut tirer profit des lourdes sanctions américaines dont elle fait l’objet. Plusieurs analystes et observateurs l'affirment, à l'image il y a quelques jours de la cheffe de la diplomatie européenne.
Dans une interview accordée à Bloomberg, Kaja Kallas explique que la Chine a tout à gagner des guerres commerciales menées par Washington. On le rappelle, pour le moment, les États-Unis imposent les produits chinois à hauteur de 20 %. Car les Américains importent beaucoup plus qu'ils n'exportent vers la Chine ! En 2024, cet excédent commercial était d'environ 300 milliards de dollars. Ce qui agace Donald Trump !
La riposte de Pékin Pékin n’a pas attendu pour répondre aux mesures du président américain, en imposant des taxes de 10 à 15 % sur les produits agricoles américains, notamment le soja, le maïs, le blé ou le bœuf. Cette stratégie cible directement la base électorale de Trump, principalement située dans les États agricoles. Et puis les autorités chinoises ont aussi adopté des mesures plus strictes sur les entreprises américaines qui opèrent en Chine, stratégie qui réduit ainsi les exportations américaines vers leur marché. Pékin a donc riposté, mais tout de même avec une certaine prudence et en frappant de manière précise car, difficile de ne pas l'évoquer, l'économie chinoise traverse une zone de turbulences. Le pays est très dépendant des exportations d'autant que sa consommation interne est faible. Il faut donc trouver un équilibre et laisser la porte ouverte à de possibles négociations entre les deux pays.
À lire aussiLa Chine sur une ligne de crête face à la politique douanière de Donald Trump
Une nouvelle stratégie Mais la Chine peut tirer profit de cette situation qui de prime abord n'a pas l'air bonne. Déjà, de nombreuses entreprises chinoises ont déplacé ou déplacent leur production vers des pays qui ne sont pas concernés par les sanctions américaines comme le Cambodge, le Vietnam ou le Maroc pour contourner les droits de douane appliqués par les États-Unis. Et puis surtout, Pékin est en train de sortir de sa dépendance américaine. La Chine a tout simplement développé de nouveaux marchés comme en Amérique du Sud, au Moyen-Orient ou en Afrique. En diversifiant ses partenaires commerciaux, on prend moins de risques quand le principal vous tourne le dos.
L’Union européenne, objet des convoitises L’Union européenne pourrait être l’alliée idéale de Pékin, d’autant qu’elle est la cible de menaces et de sanctions très lourdes par Donald Trump. En torpillant les accords avec les Européens, le président américain les pousse irrémédiablement à trouver d'autres partenaires. La Chine fait figure de candidate puisqu'on le disait, elle aussi se cherche des nouvelles alliances. L'Union européenne qui par la force des choses est poussée dans les bras de Pékin.
À lire aussiLa Chine se prépare à la politique économique de Donald Trump
Cette solution, Pékin envisage sérieusement. Le mois dernier, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a affirmé que la Chine attachait "une grande importance à sa relation avec l'UE en la considérant comme un partenaire stratégique global”. Le message est clair et tout sauf innocent. Car finalement, sur le long terme, Donald Trump pourrait bien être l'ouvrier d'une hégémonie chinoise, et pas seulement économique !
03:33
Comment l'Union européenne compte éviter les pénuries de médicaments?
Episode in
Aujourd'hui l'économie
C’est un marché qui pèse lourd: celui des médicaments, 60 milliards d’euros. Il en a été question cette semaine à la Commission européenne puisque l'exécutif européen a présenté son plan pour réduire sa dépendance aux médicaments asiatiques. Car les chiffres le prouvent, les États membres de l'UE importent beaucoup. Décryptage.
Tenez-vous bien, les principes actifs de huit antibiotiques sur dix consommés en Europe sont produits en Asie ! Soit en Chine, soit en Inde. Sur les dix dernières années, ces deux pays sont tout simplement devenus des références en termes de production de principes actifs. Petit rappel, les principes actifs, ce sont ces molécules qui sont le cœur des médicaments et qui permettent de nous soigner. D'après le cabinet Advancy, aujourd'hui, à l'échelle mondiale, l'Inde et la Chine produisent la moitié de ces principes actifs mondiaux. L'Europe à elle seule 30 %. Il y a dix ans, elle était leader au niveau de l'Inde et de la Chine. Le continent et son industrie sont donc en effet en décrochage.
À lire aussiLes pénuries de médicaments, la faute à l’industrie?
Course aux produits les moins chers Produire sur le sol européen ces principes actifs pharmaceutiques coûte beaucoup plus cher que dans les pays asiatiques. Résultat, d'année en année, les industriels ont sous-traité leur production ou l'ont directement externalisée. Et puis toujours concernant les coûts, la fin de brevets limitant la production a permis à des industriels de lancer la leur. On appelle ça les médicaments génériques. En produisant ailleurs qu'en Europe, ces médicaments sont bon marché. Et dans la course effrénée à l'accès à des médicaments les moins chers possibles, car la santé a un coût, les États ont privilégié les génériques. Ces mêmes États qui s'inquiètent paradoxalement de leur dépendance aux pays asiatiques. C'est le serpent qui se mord la queue.
Car, il faut le préciser, ce sont bien les États qui gèrent les commandes de médicaments. Si les entreprises pharmaceutiques sont chargées de garantir un approvisionnement suffisant, ce sont les États qui supervisent la distribution au sein même de leur territoire. Et si pénurie il y a, elles sont gérées au niveau national !
À lire aussipénuries de médicaments: des millions d'euros d'amendes pour les laboratoires pharmaceutiques
Penser à l’échelle européenne Cette dépendance aux pays asiatiques n'est pas sans risques, car l'enjeu est stratégique dans un contexte de tensions géopolitiques de plus en plus fortes. Si demain, la Chine et l'UE ne s'entendent pas, c'est la chaîne d'approvisionnement du médicament européen qui en subira les conséquences notamment. Car sans médicaments, pas d'interventions chirurgicales, même bénignes ou de traitements. Et puis de l'autre côté de l'Atlantique, le retour de Donald Trump à la Maison Blanche qui menace d'augmenter les droits de douane sur les importations pharmaceutiques européennes, inquiète.
Mais l’UE a des propositions. Cinq ans après la pandémie de Covid-19 qui a notamment mis en lumière ses difficultés, place à l'action. Bruxelles propose par exemple l'achat groupé de médicaments européens entre États afin de faire baisser les prix d'achat, voire de créer un marché unique du médicament. La Commission incite aussi à relocaliser la production sur le continent en échange de subventions avec des fonds européens pour construire des usines de médicaments critiques.
En tout cas, il y a urgence, c'est le commissaire européen à la Santé qui le dit. La situation que l'on vient d'évoquer « met en danger la santé des Européens ». Voilà pour la prescription, reste maintenant à voir quel traitement choisira le patient Europe !
À lire aussiLe plan de l'Union européenne face aux pénuries de médicaments
03:18
Tourisme: y'a-t-il un effet Jeux olympiques en France ?
Episode in
Aujourd'hui l'économie
Le salon mondial du Tourisme ouvre ses portes ce jeudi à Paris. C'est un secteur majeur de l'économie qui génère d'importantes retombées économiques et qui contribue à la création d'emplois. En France, a-t-il été porté par les Jeux Olympiques de Paris 2024 ? Décryptage.
Souvenez-vous. Paris et ses monuments dans pratiquement toutes les télés du monde entier pendant deux semaines d'affilée, pratiquement 24h/24. C'était l'été dernier et les organisateurs tout comme les responsables politiques l'affirmaient mordicus : ces images, il faut bien le dire, souvent spectaculaires, allaient faire venir les touristes dans la capitale et dans toute la France.
À lire aussiInvité France: «Les Jeux olympiques n'apportent pas à court terme de modification économique»
Neuf mois plus tard, on peut distinguer les effets de court terme et ceux de long terme. Sur le court terme, évidemment qu'il y a eu un effet JO. Même si Paris n'avait pas besoin des jeux en termes de fréquentation touristique, sur la fin juillet – début août, cette fréquentation a augmenté de 11 % par rapport à 2023. Sur le moyen et long terme, où nous nous situons, oui, on voit cet effet. Pendant les fêtes de fin d'années 2024, le nombre de touristes a augmenté de 30 % dans la capitale. Sur le premier trimestre 2025 qui s'achève, les arrivées aériennes internationales sont en hausse de 10 % par rapport à l'année dernière. Et encore une dernière statistique : sur le mois de janvier, le taux d’occupation des hôtels à Paris était en hausse de 7 points. Et + 4 points en février par rapport à l'an passé. Oui, les touristes sont plus nombreux !
Effet d’éviction Toutefois, il faut le préciser, la France est la première destination touristique au monde avec 100 millions de visiteurs étrangers accueillis l'an passé. Le tourisme tricolore ne s'est ainsi jamais aussi bien porté. D'après le ministère du Tourisme, cela a généré 71 milliards d'euros de recettes, ce qui n'est pas négligeable. Et la tendance devrait être similaire cette année, car les visiteurs venus pour les Jeux vont être remplacés « par les visiteurs classiques », qui visitent des musées, des monuments comme Notre Dame de Paris et qui vont par exemple à Disneyland. On appelle ça l'effet d'éviction. L'impact des JO, c'est qu'ils devraient être plus nombreux.
La France compte surfer sur la vague De fait, l'attractivité de la France, grâce aux Jeux Olympiques, va être de plus en plus forte. C'est d'ailleurs un phénomène récurrent. On l'a vu en France après la Coupe du monde de football 1998 organisée à Paris. Mais aussi à Rio de Janeiro au Brésil après, coup sur coup, le mondial de foot de 2014 et les Jeux en 2016. L'intérêt des étrangers pour la ville et le pays en règle générale a été très important. Les touristes sont bien venus, mais ils l'ont fait après. Un, deux, trois ans après l'événement, voire plus. Et c'est bien sur ça que comptent Paris et le secteur touristique français : capitaliser sur les Jeux. Le maintien des anneaux olympiques aux pieds de la tour Eiffel et la remise en place dès cet été de la vasque qui faisait briller la flamme olympique en sont les preuves. La France et sa capitale entendent bien surfer le plus longtemps possible sur les Jeux !
À lire aussiDouze ans après, quel bilan pour les Jeux olympiques de Londres?
03:07
Pourquoi la France et l'Ouzbékistan ont intérêt à resserrer leurs liens économiques
Episode in
Aujourd'hui l'économie
Le président de l’Ouzbékistan, Shavkat Mirziyoyev est en visite d'État à Paris ce mercredi 12 mars 2025. Une visite, tout sauf anecdotique, car, derrière elle, se cache des enjeux économiques très importants entre les deux pays. Décryptage.
Il faut bien l’avouer, la France et l'Ouzbékistan ne sont ni pour l'un, ni pour l'autre, des partenaires commerciaux de premier plan, mais ils échangent tout de même. Paris est ainsi le seizième partenaire commercial de ce pays d'Asie centrale dont la capitale est Tachkent, restant ainsi un fournisseur secondaire très loin derrière la Chine, la Russie et le Kazakhstan qui occupent le podium.
Les deux échangent cependant tout un tas de choses ! En 2023, la France exportait pour 621 millions d'euros. Une tendance à la hausse puisque c'est cinq fois plus qu'en 2019. L'industrie française envoie des avions, des parfums, des cosmétiques, des produits pharmaceutiques ainsi que des machines et des équipements notamment agricoles. Il en sera d'ailleurs question durant cette visite d'État.
À lire aussiEn 2023, lors d'une visite en Ouzbékistan, Emmanuel Macron a cherché à sécuriser l'approvisionnement en uranium de la France
Le poids de l’uranium Mais l'Ouzbékistan pour sa part exporte peu vers la France, pour autant 90% de ses exportations correspondent à des livraisons de composés d'uranium. Autant dire la quasi-intégralité. C'est là que ça devient intéressant pour Paris et l'Élysée n'y va pas par quatre chemins en affirmant que cette visite d'État du président ouzbek est notamment consacrée « au renforcement de la coopération sur les métaux rares et stratégiques ». L'uranium en fait évidemment partie et il est grandement utile à la souveraineté énergétique tricolore puisqu'il fait fonctionner les centrales nucléaires. Paris pourrait ainsi trouver une alternative aux exportations nigériennes, le géant français Orano ayant suspendu son activité d'extraction au Niger, Orano qui opère d'ailleurs déjà en Ouzbékistan.
La région attire De l’autre côté, l'ancienne république soviétique voit en la France une alliée idéale dans sa métamorphose. Le pays connait une croissance aux alentours de 6% par an, sa démographie explose et surtout, Tachkent veut réduire sa dépendance au gaz d'une part, et à la Russie d'autre part.
À lire aussiConfronté à une grave crise énergétique, l'Ouzbékistan va importer du gaz russe
La France est ainsi une solution car elle possède le savoir-faire et les technologies pour relever ce défi avec ses champions, par exemple, pour la transition énergétique que souhaite opérer l'Ouzbékistan. EDF qui est le plus gros investisseur tricolore dans le pays, à hauteur d'un milliard d'euros, a deux projets en cours de centrales thermiques. Total Energies a ouvert une centrale solaire photovoltaïque. En tout, ce sont une cinquantaine d'entreprises qui sont implantées dans l'ancienne république soviétique.
Mais il n'y a pas que la France qui est intéressée et qui intéresse l'Ouzbékistan. Plus largement c'est l'Asie centrale qui attire la France et les pays occidentaux. Le chancelier allemand Olaf Sholz s'y est rendu en septembre dernier pour des raisons à peu près similaires. On l'a donc bien compris, les deux pays ont beaucoup à gagner à s'entendre et cette visite d'État en est l'illustration. Nul doute que des contrats seront signés dans les prochaines heures entre la France, l'Ouzbékistan et leurs grandes entreprises nationales !
03:11
Les opérateurs télécom européens face au défi de la régulation
Episode in
Aujourd'hui l'économie
Le Congrès international des opérateurs mobiles vient de s’achever à Barcelone. Grand-messe d’un secteur qui nous concerne tous. Mais ce qui y a notamment occupé les esprits, c'est le retard des opérateurs européens face à leurs homologues américains. Décryptage.
Les opérateurs de télécommunications mobiles européens sont en retard par rapport à leurs concurrents américains. C’est un fait, d’autant que ce retard est visible ces dernières années, notamment en matière d’innovation, d’investissement et de déploiement de nouvelles technologies comme la fibre ou la 5G. La 5G est justement un bon exemple puisqu’elle a commencé à être déployée à l'automne 2018 aux États-Unis. Pour les Européens, il aura fallu attendre deux ans pour capter de la 5G, et aujourd’hui, le continent n'est pas encore entièrement couvert.
Deux marchés très différents C’est le visage du marché qui est l’une des premières explications de cette situation. Sur le continent européen, il est très éclaté, fragmenté, avec des dizaines d'opérateurs. On en compte à peu près 80, comme Orange, Vodafone ou encore Telefonica. La concurrence y est donc féroce et les prix sont en moyenne cinq fois moins élevés que les forfaits américains. Aux États-Unis, justement, le marché du réseau mobile est dominé par quelques grands acteurs internationaux. Ils se comptent sur les doigts d'une main. Citons par exemple T-Mobile, AT and T ou encore Verizon. D'après une étude publiée par le Cabinet Deloitte en février, au sein des membres de l'UE, le nombre moyen d'abonnés par opérateur est de 4,5 millions contre tenez-vous bien 95 millions aux États-Unis. C'est 21 fois plus.
Les Européens limités On pourrait dès lors penser que les Européens puissent se regrouper pour faire face aux Américains. Les grands groupes l’ont d’ailleurs redemandé à la Commission européenne fin 2024. Mais il y a une subtilité, c'est d’ailleurs l'un des cœurs de leur problème, c'est que les fusions d'opérateurs mobiles sont très encadrées et régulées au sein de l'Union européenne. Il n'y a pas de champions européens à proprement parler mais des champions nationaux, sans aucun doute ! Pour faire simple, un petit opérateur national n'aura de facto pas les moyens d'investir tandis qu'un gros opérateur national lui pourrait manquer de fonds pour le faire, des fonds qu'il pourrait trouver dans sa fusion avec le petit. Un chiffre le prouve, depuis 2020, seulement deux fusions d'opérateurs ont eu lieu en Europe contre quatre en Amérique du Nord.
S’ouvrir à d’autres marchés Pour faire face, les opérateurs européens ont leur stratégie pour exister, tout simplement en investissant sur d'autres marchés. Remarquant que leur taux de croissance sur le sol européen était atone voire négatif, ils vont voir ailleurs. Leurs revenus réels y ont diminué de 4,4% d'après l'agence Connect Europe. Illustration avec le Français Orange, leader européen sur le continent africain. Son activité au Moyen Orient et en Afrique constitue 16 % de son chiffre d'affaires. Une tendance toujours à la hausse parce qu'Orange est implanté dans 17 pays du continent mais aussi et surtout parce que le marché africain est l'un des plus dynamiques au monde.
À lire aussiL'entreprise de télécom Orange française affiche ses bons résultats financiers en Afrique
Car finalement, derrière cette situation, il est surtout question de souveraineté des États européens, chacun souhaitant héberger son champion. Mais ça pourrait changer. Plusieurs rapports dont le rapport Draghi sur la compétitivité de l'UE préconise de consolider le marché européen des télécoms avec des fusions de groupes. Car en fait, l'ambition est bien de trouver un savant équilibre entre compétitivité et règles de compétition !
03:42
Les «family offices», ces inquiétants gestionnaires d'actifs pour milliardaires
Episode in
Aujourd'hui l'économie
Les family offices, connus en bon français comme gestionnaires de patrimoines familiaux sont de plus sollicitées. Comment fonctionnent ces structures ? Quel est leur rôle ? Pourquoi sont-elles critiquées ? Décryptage.
Ne tournons pas autour du pot : le secteur est très secret. Les family offices, ces sociétés privées de gestion de patrimoine pour des personnes très fortunées, bref, les super riches, prennent de plus en plus de place. Leur mission est double : gérer l'argent des concernés tout en le faisant fructifier et donc évidemment, les rendre encore plus riches. Pour résumer, préserver le patrimoine et rechercher de la rentabilité. Si on en parle autant, c’est parce que ces structures sont très sollicitées et deviennent très importantes. Mais aussi et surtout parce qu'il y a de plus en plus de milliardaires. Au cours de la dernière décennie, d'après la banque UBS, le nombre d'ultras riches a grimpé de plus de moitié, ce qui implique davantage de demandes de services de family offices.
À lire aussiLa richesse des milliardaires a augmenté trois fois plus vite en 2024 qu’en 2023, selon Oxfam
Le cabinet Deloitte recense aujourd'hui plus de 8 000 structures de ce type dans le monde gérant 3 100 milliards de dollars d'actifs. Dans cinq ans, en 2030, ce même cabinet estime à 11 000 family offices à travers la planète pour 5 400 milliards de dollars. Le secteur est en pleine expansion.
Différents modèles Il existe deux types de family offices. Les « simple » qui gèrent une seule et unique famille. C'est avantageux car la gestion est ultra personnalisée avec peu ou pas de régulation. Et puis les « multi », qui gèrent plusieurs fortunes. Cela réduit les coûts et permet de peser en cas d'opération financière conjointe par exemple, mais à l'inverse, c'est moins confidentiel que les « simple » et la régulation y est plus importante. Alors, pourquoi ces fortunes ne s'offrent-elles pas les services de banquiers spécialisés ? Tout simplement parce que ces family offices sont beaucoup plus souples et bien moins régulés que les banques.
Plus de régulation Si le milieu est secret, la structure juridique des family offices est complexe et encore plus floue. Ils ne sont pas soumis aux mêmes règlementations que les fonds d'investissement ou les banques et n'ont pas d'obligation de transparence sur leurs actifs. La critique est aussi récurrente concernant la concentration du pouvoir financier avec les multi offices, ce qui peut atteindre parfois plusieurs centaines de milliards de dollars et donc être un risque sur les marchés financiers. Par exemple en 2021 a éclaté l'affaire Archegos. Dans les grandes lignes, un family office a causé des milliards de dollars de pertes chez des banques comme Nomura, Goldman Sachs et le Crédit suisse.
Mais le secteur fait l’objet de programmes de régulation. Une loi a été votée en ce sens aux États-Unis après l'affaire Archegos. Mais le texte n'est pour le moment pas entré en vigueur, et ça pourrait encore attendre puisque Donald Trump ne fait pas de la lutte contre la criminalité financière sa priorité. Par ailleurs, d'autres pays et régions comptent sur ces structures et les fortunes qu'elles gèrent pour faire tourner leur économie, comme Singapour, Dubaï, Hong-Kong et, dans une moindre mesure, la Suisse !
03:14
Les inégalités bancaires toujours plus fortes pour les femmes
Episode in
Aujourd'hui l'économie
Ce samedi 8 mars, comme tous les ans, c’est la journée internationale des droits des femmes. Dans ce contexte, focus sur un sujet très important dans l'indépendance et l'émancipation des femmes, à savoir la détention d'un compte bancaire. Décryptage.
C’est un enjeu essentiel. Rien qu'en France, cela fera 60 ans en juillet que les femmes ont obtenu le droit de détenir un compte en banque à leur nom. Dans d’autres pays, il faut parfois toujours l'autorisation du mari pour faire cette démarche. Bref, toutes les femmes de tous les pays ne sont pas logées à la même enseigne sur ce sujet. Car gérer son propre argent en toute autonomie, c'est un puissant levier d'émancipation.
Pourtant, d'après le fonds monétaire international, à l'échelle du globe, plus d'un milliard de femmes dans le monde n'ont toujours pas accès aux services financiers formels. Seulement deux tiers des femmes possèdent un compte bancaire, contre pratiquement quatre hommes sur cinq. Plusieurs régions sont plus concernées que d'autres, comme par exemple en Afrique subsaharienne où seulement 37% des femmes ont un compte en banque contre 48% des hommes. Une tendance qui reflète les obstacles sociaux, économiques, culturels et technologiques auxquels les femmes continuent de se heurter dans l'accès aux services financiers !
Des pistes pour changer les choses Cette situation a de multiples conséquences. La première d'entre elle, c’est la dépendance au conjoint ou aux parents. Sans compte personnel, impossible de tout simplement gérer son budget, ses revenus, sa consommation, son épargne et de contracter un crédit. Difficile aussi de se protéger financièrement en cas de séparation, de divorce ou de perte d'emploi. Il y a plusieurs explications à cette situation. D'abord, l'écart de rémunération entre femmes et hommes qui joue sur la capacité d'épargne et d'investissement. Concrètement, moins vous gagnez, moins vous avez de chance d'obtenir un prêt. Ensuite, des freins culturels existent dans certains pays pour l'accès aux services bancaires.
À lire aussiLes inégalités entre les femmes et les hommes dans le travail toujours fortes dans le monde
Pour faire bouger les lignes, on peut par exemple penser à l'accès à l'éducation financière. Plusieurs structures et entreprises se mobilisent sur le sujet, comme le géant français L'Oréal qui a signé une charte l'été dernier pour que les femmes aient plus facilement accès à ce type de formations et d'apprentissage dès le plus jeune âge mais aussi encourager l'entreprenariat féminin, avec des aides et des financements dédiés. On peut aussi noter la promotion de l'égalité salariale et donc lutter contre toute forme de discrimination. Bref, pour que les femmes reprennent, ou prennent, c'est selon, le pouvoir sur l'argent !
02:28
Les entreprises mondiales ont versé des dividendes record en 2024: bonne ou mauvaise nouvelle?
Episode in
Aujourd'hui l'économie
Les entreprises mondiales ont versé des dividendes record en 2024 : 1750 milliards de dollars. C’est colossal et cette tendance implique bon nombre de questions. Mais déjà, comment expliquer cette dynamique ? Décryptage.
Pour vous faire une idée et mieux comprendre, ces dividendes mondiaux de 1750 milliards de dollars représentent l'équivalent du produit intérieur brut (PIB) d'un pays comme la Corée du Sud. Deux principales raisons à ce niveau : d’abord, les valeurs des entreprises de la tech ont bénéficié de résultats exceptionnels. Il faut souligner un tournant majeur pour trois d'entre elles puisque pour la première fois de leur histoire, les états-uniennes Meta et Alphabet, tout comme la chinoise Alibaba ont versé des dividendes à leurs actionnaires. Le secteur plait beaucoup, porté évidemment par l'intelligence artificielle. Autre explication, c'est que ce niveau de dividendes mondiaux est porté par les valeurs financières. Comprenez par là les banques et les assurances par exemple !
Faut-il récompenser les actionnaires ? Ce niveau record de dividendes mondiaux d’un montant de 1750 milliards de dollars signifie tout simplement que ce sont les actionnaires qui vont se partager cette somme. Un résultat qui prouve que l'économie mondiale, stimulée, on l'a dit notamment, par les valeurs du secteur de la tech, va plutôt bien.
À lire aussiLes grandes entreprises annoncent des dividendes record en France et dans le monde au deuxième trimestre
De là à dire que c’est une bonne nouvelle, il faut relativiser, car comme souvent, pas de réponse claire, nette et précise. D'un côté, oui, c'est une bonne nouvelle, cela veut dire que les entreprises sont assez prospères et qu'elles font assez de résultats pour distribuer des dividendes. Et récompenser les actionnaires, c'est les inciter à réinvestir une partie de leur capital en action. Par ailleurs, un bon cours de bourse, c'est important pour une entreprise.
D'un autre côté, on se doit de nuancer car ces dividendes records, c'est de l'argent qui n'est pas directement réinvesti par les entreprises pour préparer leur croissance future et en plus cela contribue à entretenir les inégalités, alors qu'au même moment les filets sociaux sont de plus en plus minces parce que les finances d'un nombre grandissant d'États sont dans le rouge.
Alors sur le fond, est-ce que récompenser un actionnaire avec plusieurs millions de dollars de dividende, c'est une bonne chose, quand un travailleur en reçoit seulement quelques dizaines de milliers par an, la question se pose !
À quoi sert cet argent ? Dans la grande majorité des cas, il semble que ces dividendes servent plus à faire grandir le patrimoine des actionnaires, qu'à stimuler le développement des entreprises. Concrètement, une grande partie de cet argent serait d'abord investi dans la pierre pour constituer un patrimoine immobilier en achetant maison et appartement. C'est moins risqué que les actions et les produits financiers. Cela entretient une économie de rente, moins intéressante collectivement.
Mais on peut aussi taxer ces dividendes pour les redistribuer à destination des ménages les plus modestes. C'est une option que beaucoup considèrent comme viable, mais attention, dans un monde concurrentiel et mondialisé, la marge de manœuvre est faible, car les gouvernements ont peur de la fuite des capitaux et hésitent donc à taxer davantage les revenus financiers.
La question est donc : quelle politique mener ? Cela va être tout l'enjeu de ces prochains mois car, malgré un environnement économique incertain, notamment marqué par les tensions commerciales depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, le cabinet Janus Henderson table sur une croissance globale de 5 % pour cette année. Une hausse qui, appliquée aux dividendes, les porterait vers un nouveau record de 1 830 milliards de dollars.
03:14
L'Europe se réarme, le secteur de la défense se frotte les mains
Episode in
Aujourd'hui l'économie
L’Union européenne veut se réarmer face au désengagement américain dans le dossier ukrainien. Ce grand projet présenté par la Commission doit mobiliser près de 800 milliards d’euros pour la défense du continent. Une annonce qui fait les affaires du secteur. Décryptage.
La tendance est claire et nette. Depuis le début de l'année, le cours boursier des industriels militaires européens ne cesse d'augmenter. Rheinmetall, le géant allemand de la défense a vu ses actions bondir de plus de 52%. Dynamique également à la hausse pour l'Italien Leonardo : +38%, ou encore le Français Thalès à hauteur de 35%. Voilà pour ne citer qu'eux.
Et si les investisseurs ont autant confiance dans ces entreprises, c’est parce qu'elles devraient, selon toute vraisemblance, crouler sous les commandes dans les prochains mois. La Commission européenne entend mobiliser 800 milliards d'euros pour sa défense dont 150 immédiatement sous forme de prêt commun. Sont concernés la défense anti-aérienne, les missiles, les systèmes anti-drones ou encore l'artillerie. Des secteurs auxquels on pense évidemment quand on parle défense militaire, mais il y a aussi tout un tas d'entreprises auxquelles on ne pense pas qui sont essentielles à la fabrication de tels engins. Difficile de ne pas évoquer les sous-traitants, comme ceux qui fabriquent tout simplement des écrous, des boulons ou des composants électroniques.
Faire tourner l’industrie européenne Si on prend du recul, on peut sans honte se dire que cette initiative peut relancer l'industrie européenne. Car on l'a souvent démontré, elle est en difficulté. Pourtant, difficile d'être si catégorique. C'est vrai que l'activité du secteur européen est dopée par la hausse des dépenses militaires qui a suivi l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Ça devrait d’ailleurs l'être encore plus dans les prochains mois, c'est d'ailleurs ce que précise un rapport publié par le cabinet McKinsey. Mais il faut tout de même préciser que les clients de ces grands industriels, ceux qui vendent des avions, des missiles, des systèmes perfectionnés, ce sont les États. Et que les contrats signés sont des contrats de long terme de plusieurs milliards d'euros. Donc sur cet aspect, c'est de bon augure pour l'industrie militaire européenne.
Équilibre à trouver Le problème, c’est qu’il va falloir trouver de l’argent. Parce qu'à budget égal, si les dépenses de défense augmentent, il va bien falloir trouver de l'argent ailleurs pour équilibrer les comptes. C'est le principe des vases communicants. L'agence de notation Fitch Ratings met d'ailleurs en garde ce phénomène, car cela va augmenter la dette des pays membres de l'UE. Or, certains comme la France sont déjà concernés par un niveau d'endettement pointé du doigt par la Commission européenne. Autre option que l'exécutif européen compte privilégier : assouplir les règles budgétaires des 27 européens pour permettre des dépenses de défense plus importantes sans toucher aux autres dépenses. Concrètement, la Commission pourrait accepter un déficit plus important. L'Europe semble ainsi changer de doctrine. Il faut à présent que les 27 parlent d'une seule et même voix pour avancer sur ce chemin voulu par Bruxelles !
À lire aussiGrand invité international: Général Christophe Gomart: «J'appelle au réveil de la défense européenne»
03:03
Comment les multinationales ont anticipé les droits de douane américains
Episode in
Aujourd'hui l'économie
Donald Trump a fini par mettre sa menace à exécution : les produits canadiens et mexicains sont taxés à 25 % à leur arrivée aux États-Unis depuis ce mardi. Pour les produits chinois, une surtaxe de 10 % est appliquée, en plus des 10 % déjà en vigueur depuis un mois. Cela concerne des milliers de milliards de dollars de biens et services. Mais avant-même l'entrée en vigueur de ces droits de douane, des entreprises du monde entier ont anticipé la mesure.
L’application de droits de douane de 25 % sur les produits canadiens et mexicains, et de 20 % désormais sur les produits chinois a immédiatement fait réagir les marchés financiers. Les bourses asiatiques étaient en baisse à l’ouverture ce mardi, tandis que le Dow Jones à New York a clôturé la journée de lundi en recul de 1,48 %.
Des entreprises ont anticipé leur relocalisationLa menace de droits de douane plane depuis la campagne de Donald Trump l’an dernier : certaines multinationales ont anticipé leur mise en œuvre et ont voulu donner des gages de bonne volonté au président-milliardaire. L’exemple le plus récent concerne le leader mondial des semi-conducteurs, le taïwanais TSMC. Donald Trump lui-même a annoncé lundi soir que la firme va investir 100 milliards de dollars supplémentaires aux États-Unis.
Le gouvernement taïwanais avait d’ailleurs pris les devants en promettant début février d’aider les patrons qui souhaiteraient relocaliser leur activité sur le sol américain. Les usines de puces électroniques se trouvent en effet souvent au Mexique ou en Chine.
Stellantis a mis sur pause une usine canadienneDans l'automobile, cette fois, le groupe Stellantis (qui détient les marques Chrysler ou encore Jeep) a annoncé juste après l'investiture de Donald Trump 5 milliards de dollars d'investissement aux États-Unis, et a mis sur pause l'une de ses usines au Canada.
Enfin, parmi les grands groupes américains, Apple a promis 500 milliards d’investissements sur le sol américain sur quatre ans, tandis que le géant pharmaceutique Eli Lilly – une firme américaine qui produit aussi beaucoup à l'étranger - a annoncé la semaine dernière 27 milliards d'investissements pour construire quatre usines aux États-Unis. Une annonce saluée alors par le secrétaire d'État au commerce, Howard Lutnick, qui y voit le résultat direct des menaces de Donald Trump de taxer spécifiquement les importations de médicaments.
Près de la moitié des chefs d'entreprises canadiens songeaient déjà en janvier à investir ou déplacer une partie de leur activité aux États-Unis en raison des droits de douane, d’après une étude menée par le cabinet de conseil KPMG au Canada. Selon une autre étude menée fin 2024 auprès d’entreprises du monde entier par Economist Impact (qui fait partie du même groupe que le magazine The Economist), 20 % des dirigeants prévoiraient de le faire.
Trop tôt pour évaluer l’impact du nouveau mandat de Donald TrumpEst-ce que les investissements déjà annoncés et ces études veulent dire pour autant que la méthode Trump fonctionne ? Pour ce second mandat, il est trop tôt pour le dire. Peu d'entreprises ont déjà sauté le pas. Les décisions d'investissement, surtout pour des montants aussi élevés, se prennent des mois à l'avance. Les droits de douane sont un facteur parmi d'autres. Surtout, beaucoup d’entreprises ont préféré attendre l'entrée en application avant de se décider.
À plus long terme, effet ou pas des politiques menées sous Joe Biden et lors du premier mandat de Donald Trump, l’économie américaine se porte plutôt bien ces derniers mois. Les investissements directs étrangers aux États-Unis ont battu des records en 2024. Alors qu'ils ont baissé ces dernières années en Chine, notamment en raison de la guerre commerciale entre Pékin et Washington. La production industrielle américaine, en baisse depuis près de deux ans est repassée dans le vert depuis janvier.
Pour autant, la politique de Donald Trump a créé de l'incertitude, ce qui n'est pas bon pour l'économie. Plusieurs signaux très récents inquiètent : la bourse américaine a déjà reculé le mois dernier, les créations d'emploi sont plus faibles que prévu et les consommateurs repoussent leurs achats. L’entrée en vigueur des nouveaux droits de douane ce mardi pourrait encore freiner la consommation et faire repartir à la hausse l’inflation aux États-Unis.
02:59
Derrière le clash entre Trump et Zelensky: un rapprochement économique entre Washington et Moscou?
Episode in
Aujourd'hui l'économie
Deux jours après sa vive altercation avec Donald Trump à la Maison Blanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est rendu, dimanche 2 mars, à Londres pour y rencontrer ses alliés européens. Les dirigeants britannique, allemand, français, polonais, italien veulent faire front commun pour soutenir l’Ukraine, face à un président américain qui adopte de plus en plus ouvertement le langage du Kremlin. À tel point que commence à être évoqué un rapprochement économique entre Washington et Moscou.
Volodymyr Zelensky était venu à Washington pour signer avec Donald Trump un accord sur l’exploitation des minéraux ukrainiens. Après la brutale séance d’humiliation publique que lui ont infligé le président et le vice-président américain, il est parti sans céder à cette exigence de Trump. Mais le président américain était-il seulement encore intéressé par le deal ? « J’aimerais également pouvoir acheter des minéraux sur le sol russe »déclarait-il à la veille de recevoir son homologue ukrainien. « Ils ont d’excellentes terres rares, et aussi du pétrole, du gaz... Ce serait bien pour la Russie qu’on trouve un accord, ils ont des gisements de grande valeur qui sont inexploités, donc oui ça pourrait bien finir par arriver ». Soucieuse de ne pas voir les liens entre Kiev et Washington se renforcer, Moscou a fait une contre-proposition aux Américains, faisant passer le message que la Russie disposait de réserves beaucoup plus importantes que l'Ukraine en terres rares, sans préciser que ces réserves incluaient les gisements situés dans les territoires ukrainiens conquis depuis février 2022 et illégalement occupés par l'armée russe.
Trump et le rapprochement avec MoscouDonald Trump n'y a visiblement pas été insensible. La semaine dernière, alors qu'il s'apprêtait à recevoir le président français Emmanuel Macron, il évoquait sur son réseau social « des discussions très sérieuses avec Vladimir Poutine » concernant « des accords de développements économiques majeurs ». C’est l’un des facteurs qui explique peut-être ce spectaculaire retournement d’alliances, ce basculement de l’ordre mondial auquel on est en train d’assister. Pour l'heure, ce rapprochement peine à se traduire concrètement. Bloomberg évoque de premières discussions sur l'établissement de routes commerciales en mer arctique, une manière de prendre la température de l'eau et de tester les limites du dégel des relations entre les deux puissances.
Les entreprises occidentales face à l’incertitude russeLa situation est regardée de très près par les grandes entreprises occidentales. Beaucoup ont été forcés de quitter la Russie depuis l'invasion russe à grande échelle de l'Ukraine. C’est le cas de deux tiers des entreprises américaines. Un retour en masse n’est pas à l’ordre du jour, en tout cas pas tant que les sanctions n’auront pas été levées. C’est dans l’intérêt des Russes dont l’économie souffre plus que ne veulent bien le reconnaître les autorités. Donald Trump lui est obsédé par la Chine, pour enfoncer un coin dans l'alliance entre Moscou et Pékin il est visiblement prêt à sacrifier l'Ukraine.
La presse américaine fait état de premiers contacts établis entre le Kremlin et les états-majors de plusieurs multinationales. Les entreprises occidentales sont hésitantes. Elles n’ont pas oublié les conditions dans lesquelles elles ont dû partir, forcées de brader leurs actifs à des entrepreneurs proches du Kremlin quand l’État russe ne les a pas tout simplement saisi. Les pertes cumulées des entreprises américaines en Russie dépassent 45 milliards de dollars d’après le Financial Times.
Certaines sont tout de même tentées, y voyant un marché à reconquérir. Au moment de partir, certaines entreprises ont fait inscrire une clause de rachat dans les contrats de vente, qui doivent en théorie leur permettre de récupérer leurs actifs russes à bon prix. Or bon nombre de ces clauses vont arriver à expiration dans les prochains mois. En cas de cessez-le-feu durable, la question pourrait aussi se poser pour les entreprises européennes. Le contexte est favorable à celles qui sont restées malgré la guerre. La banque autrichienne Raiffeisen par exemple, pointée du doigt ces trois dernières années pour son refus ostensible de quitter le pays. Depuis la victoire de Donald Trump à la présidentielle son action a pris plus de 40 %.
03:22
L'intelligence artificielle, moteur ou frein de l'activité boursière?
Episode in
Aujourd'hui l'économie
L'intelligence artificielle a de nombreux effets sur les marchés boursiers mondiaux. Depuis plusieurs mois, ce sont les valeurs en lien avec l’IA qui font la pluie et le beau temps de ces marchés. Dernière illustration en date : la Bourse de Hong Kong qui a atteint son plus haut niveau depuis 2022, en raison précisément des titres de la tech. Décryptage.
Promis, on va essayer de comprendre ce qui se joue en restant les plus concrets possible. Prenons l’exemple de la Bourse de Hong Kong dont la valeur a augmenté de 20% depuis le début de l’année. Une hausse en seulement deux mois poussée par une envolée des valeurs technologiques car ce sont elles qui tirent pour le moment l’indice de référence hong-kongais. Cela prouve que les marchés sont très sensibles à tout ce qui touche à l'IA. L'une des explications de cette augmentation notamment c'est que le gouvernement a annoncé investir dans le développement d'un pôle d'intelligence artificielle !
DeepSeek et Alibaba en grâce Il faut aussi préciser que les titres entretiennent cette tendance, comme par exemple DeepSeek. Le robot conversationnel chinois a bousculé le milieu il y a un peu plus d'un mois et rencontre un grand succès et témoigne d'une autonomie technologique de la Chine. Cela plait aux investisseurs. Et puis on peut aussi noter le retour en force d'Alibaba. Le groupe de e-commerce chinois continue sa remontada boursière depuis la semaine dernière. La raison est simple, c'est la réapparition de son patron Jack Ma qui en a profité pour présenter un plan d'investissement dans l'intelligence artificielle. C'est un peu le serpent qui se mord la queue. L’IA intéresse les entreprises et surtout, elle joue aussi un rôle essentiel à la dynamique du moment.
À lire aussiDeepSeek intégrée dans de nombreux domaines en Chine
Une crainte toujours vive Pourtant, les titres liés à l'intelligence artificielle ne sont pas toujours en hausse. Par exemple, Nvidia, le fabricant de puces électroniques et de semi-conducteurs indispensables à l'intelligence artificielle s'est fait peur le mois dernier en perdant 600 milliards de dollars de valeur boursière à New York en une seule journée, avant de reprendre des couleurs. La raison, c'est la présentation de DeepSeek qu'on évoquait à l'instant. Avant la présentation des chiffres de Nvidia cette semaine, sa valeur a encore chuté car ils craignaient que l'entreprise soit en difficulté. Ses investisseurs ont donc été rassurés, cela parce que le chiffre d'affaires du groupe a augmenté de 78% par rapport à 2023, preuve de l'intérêt pour le secteur. L'activité de Nvidia continue donc d'être stimulée par les investissements constants des plus grandes entreprises technologiques dans les centres de données.
De fait, toutes les Bourses dépendant notamment des valeurs liées de près ou de loin à l'intelligence artificielle, l'enjeu est de savoir si c'est un effet de court terme ou bien une tendance de fond qui pourrait dicter la vie boursière et financière des prochaines années !
02:56
États-Unis: le plan de Donald Trump pour faire venir les riches étrangers
Episode in
Aujourd'hui l'économie
Le président américain a une nouvelle idée, il compte mettre en place un visa un peu spécial, un « visa d’or ». Objectif de cette manœuvre, remplacer le visa qui permet aux investisseurs étrangers d'obtenir une carte verte, à savoir un permis de séjour légal aux États-Unis. Et tout cela moyennant finance. Décryptage.
Comptez cinq millions de dollars pour obtenir la fameuse carte verte américaine qui permet de résider aux États-Unis. La carte permet aux citoyens non américains de s'installer et de travailler légalement dans le pays sans avoir besoin de visa. Aujourd'hui, pour l'obtenir, on peut investir dans des entreprises américaines, ce qui déclenche le processus d'attribution. Le locataire de la Maison Blanche souhaite tout simplement la monnayer.
Le président américain et son administration considèrent que cette règle fait l'objet de nombreuses fraudes. Aujourd’hui, en investissant au moins 800 000 dollars, il est possible d'avoir la possibilité de résider aux États-Unis. Mais problème selon le ministre américain du Commerce, ce dispositif est sujet à trop de fraudes, et représente un moyen d'obtenir la carte verte à un bas coût. Résultat, en bon homme d'affaires, Donald Trump change la règle afin de mettre en place en quelque sorte un prix plancher pour obtenir un permis permanent de résidence et faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État en attirant les étrangers fortunés dans le pays.
Les riches dépensent beaucoup Le président américain se justifie : « des gens riches vont venir en achetant cette carte. Ils seront riches et ils réussiront, ils dépenseront beaucoup d'argent, paieront beaucoup d'impôts et emploieront beaucoup de gens ». Car Donald Trump a besoin de personnes riches pour faire tourner l'économie américaine. L’agence Moody's vient de publier une étude qui le démontre. Les 10% d'Américains les plus riches représentent aujourd'hui la moitié de toutes les dépenses du pays. Cette catégorie de population est essentielle à l'économie américaine, le président Trump compte sur eux !
Des opportunités et des risques Si pour le président américain, ce système est viable, l’OCDE est plus mesurée. Dans un rapport réalisé en 2023, l'Organisation de coopération et de développement économiques estime que oui, ces riches étrangers contribuent à stimuler la croissance grâce aux investissements directs étrangers. Mais qu'il y a des limites, car s'il ne faut que cinq millions de dollars pour résider sur le sol américain, cela peut attirer les criminels ou d'autres qui sont persona non grata ailleurs ou qui cherchent à échapper à la justice ou à blanchir de l'argent.
Néanmoins, des critiques se font déjà entendre concernant la venue possible d'oligarques russes. Donald Trump balaie tout cela d'un revers de main, il considère qu'ils pourront profiter de ce système et d'ajouter qu'il connait des oligarques russes « qui sont des gens très sympathiques ». Car on le rappelle, ces oligarques ont pour la grande majorité été sanctionnés par l'administration américaine depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie il y a de ça trois ans. En tout cas, c'est loin d'être anecdotique, Donald Trump ne s'en cache pas, il est proche des fortunés de la planète et réciproquement d'ailleurs. On parle même de broligarques, des hommes, milliardaires, qui s'immiscent petit à petit dans les sphères politiques et institutionnelles, qu'ils viennent des États-Unis ou d'ailleurs !
À lire aussiLa démocratie américaine à l'épreuve des broligarques
03:20
Comment l'UE peut relancer son économie face à la Chine et les États-Unis
Episode in
Aujourd'hui l'économie
L’Union européenne affine sa stratégie pour faire face à la Chine et aux États-Unis. La Commission européenne publie ce mercredi sa feuille de route sur le sujet. Son nom : « Clean Industrial Act », décryptage.
Pour les 27, c’est clair, il y a urgence avec cette question qui résonne en toile de fond : comment l'UE compte-t-elle enrayer son déclin industriel et relancer sa croissance ? L'équation est difficile pour Bruxelles et les États membres, entre une économie allemande dans le rouge pour la deuxième année consécutive et ses partenaires à la traîne. Le continent est en effet pris en étau entre les pratiques déloyales de Pékin et les menaces de guerre commerciale du président américain.
Quel mal européen ? Sans prétendre être exhaustif, on peut avancer plusieurs explications pour expliquer la situation européenne. Déjà sa productivité, plus faible que celle des Américains et des Chinois. On retiendra surtout les prix de l'énergie, trois à quatre fois plus élevés. À cela, on peut aussi ajouter une sur règlementation européenne que dénoncent en tous cas les grands patrons qui ne leur permettrait pas d'être aussi réactifs que leurs concurrents. Tous ces faits mis bout à bout ont une conséquence bien concrète : l'UE manque de compétitivité face aux deux mastodontes que sont la Chine et les Etats-Unis.
À lire aussiFace à Donald Trump, l'Union européenne recherche de nouvelles alliances
Pour mettre au point un plan de bataille, la Commission va s'appuyer sur ce constat pour proposer ses solutions. Trois grands axes au menu des mesures de l'exécutif européen, à savoir la baisse du coût de l'énergie, l'allègement du fardeau administratif et le soutien à la décarbonation de l'industrie. Concernant l'énergie, priorité sera donnée à la baisse des prix pour les ménages. On privilégiera aussi les contrats de long terme d'achat d'électricité pour les entreprises et puis l'ambition affichée d'une sortie accélérée des énergies fossiles. Nom du projet : Clean Industrial Deal, traduisez « pacte pour une industrie propre ».
Il est temps d’agir S’il n’y a pas de certitude quant aux résultats, ce qui est positif pour l'économie du continent, c'est que la Commission prend le sujet à bras-le-corps. Car ça presse. Des piliers de l'industrie européenne dans la chimie, dans l'automobile ou la sidérurgie menacent de délocaliser leurs usines en Asie ou aux États-Unis pour échapper à des coûts de l'énergie jugés prohibitifs et fuir les lourdes réglementations européennes. Cela peut donc être un argument de poids pour les faire rester. Ensuite, il faut que l'exécutif européen ait les moyens de ses ambitions et que les pays membres parlent d'une seule et même voix.
À lire aussiComment expliquer les difficultés de l'industrie européenne?
Il faut aussi préciser que l'UE a déjà présenté plusieurs plans d'attaques pour éviter le décrochage des industries européennes. D'ailleurs Mario Draghi, l'ancien président de la Banque centrale européenne a rendu un rapport en ce sens avec ses recommandations il y a quelques mois, avec une priorité : investir. L'an passé, la Commission a présenté le Net Zero Industry Act pour que l'industrie prenne le tournant de la transition écologique notamment. Mais là, la situation est différente car les 27 se savent sous pression depuis l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Pression que le président américain compte bien exercer jusqu'à ce qu'il y trouve son compte !
02:57
Les défis de la transition agricole dans les pays du Sud
Episode in
Aujourd'hui l'économie
L'agriculture est à l'honneur jusqu'à dimanche à Paris dans le cadre de son salon international. Une grande partie du globe, à savoir les pays du Sud, doivent faire face à un défi crucial : le financement de la transition agricole. Décryptage.
Il n’y a pas d’autres manières que de le dire, l’agriculture est un secteur essentiel pour la planète puisque d'après l'ONU, près de 870 millions de personnes y travaillent. Cela représente tout de même un Terrien sur dix. En Afrique, par exemple, on estime que 70 % de la population en dépend. Ces pays dits du Sud sont ainsi indispensables pour subvenir aux besoins alimentaires mondiaux. Mais ils sont aussi et surtout les premiers concernés par le changement climatique et la dégradation des ressources naturelles. Cela les oblige à s'adapter pour faire face à ce phénomène, continuer de nourrir la planète, sans oublier d’assurer leur propre sécurité alimentaire.
Équilibre à trouver Ce n'est pas si simple, car très souvent, pour ne pas dire tout le temps, il faut arbitrer entre limiter l’impact environnemental des cultures et produire davantage. L'un des constats majeurs, c'est que les petits producteurs de ces pays sont des maillons indispensables des filières agricoles. Pour autant, ils sont souvent exclus des financements plus globaux. Pour une véritable mise en pratique, il faudrait par exemple mettre en place de mécanisme de microfinance adaptés aux réalités du terrain. C'est ce que préconise notamment la FARM, la fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde. On peut penser à des crédits aux agriculteurs ou encore donner plus d'importance aux coopératives. Ces structures peuvent jouer le rôle d'intermédiaire entre les producteurs et les financeurs, avec un accompagnement de leurs adhérents à l'éducation financière pour mieux appréhender ces changements.
À lire aussiBurkina Faso: l’étude d’impact du compost par des cultivatrices en région Nord récompensée par la Farm
L’argent, nerf de la guerre Aujourd'hui, ce sont 540 milliards de dollars qui sont destinés au soutien des producteurs agricoles de ces pays. Pourtant, d'après un rapport de plusieurs organes des Nations Unies, 87 % de ce montant est inefficace. Ça ne marche pas car c'est de l'argent qui est soit mal utilisé soit mal distribué. En effet, ces subventions créent un effet de distorsion sur les prix. Concrètement, elles faussent les prix des denrées alimentaires. Et puis cet argent n'est pas toujours déployé où il y a des besoins. Exemple concret avec l'Afrique : malgré le poids de l’agriculture dans l’économie du continent qui représente tout de même un tiers de son PIB, elle reste sous-financée, avec seulement 3 % des crédits à l’économie alloués à ce secteur.
L’agroécologie, solution viable ? L'une des réponses à ces enjeux est de mobiliser des investisseurs privés afin de mettre en place des partenariats publics - privés. Mise en pratique bien concrète avec l'investissement de grandes entreprises agro-alimentaires dans les pays du Sud. Mais encore faut-il que leurs projets prennent en compte et les besoins locaux, et les critères de durabilité. Car en fil rouge, comme une épée de Damoclès, il y a le changement climatique. L’une des pistes vantées depuis des dizaines d’années, c’est l'agroécologie. Concrètement, en privilégiant par exemple des engrais verts, en opérant une rotation des cultures, en limitant le travail du sol, en conservant ou en replantant des arbres dans les parcelles. Cela signifie d’après les études, une productivité élevée couplée à une réduction de l'empreinte environnementale. Pratique peu généralisée aujourd'hui car l’agro-industrie et l’ensemble des acteurs qui font les marchés agricoles, des banquiers aux négociants, ne parlent pas toujours de la même chose et n'ont très souvent pas les mêmes objectifs !
À lire aussiTransition de l'agriculture africaine: comment attirer les financements?
03:27
Jusqu'où l'Allemagne peut fragiliser l'économie européenne?
Episode in
Aujourd'hui l'économie
Ce dimanche 23 février ont lieu des élections législatives anticipées en Allemagne. Le scrutin vise à renouveler les 630 sièges du Bundestag, la chambre basse du Parlement et donc de former une nouvelle majorité et élire un nouveau chancelier. Situation politique expliquée par sa situation économique qui a des conséquences à l’échelle européenne. Décryptage.
L'Allemagne reste la première économie européenne et la troisième mondiale. Mais elle est dans le rouge. En 2024, elle a connu une deuxième année de récession consécutive. Une croissance négative expliquée par la crise de son modèle industriel. Ces derniers mois en sont la preuve... Ils ont été rythmés par des annonces de plans sociaux au sein de grands groupes mais aussi dans des entreprises de taille moyenne. Le symbole de cette difficulté allemande, c'est évidemment cette décision de Volkswagen, à savoir la suppression de 35 000 emplois dans le pays d'ici à 2030. Hier, c'est Mercedez-Benz qui a dévoilé un plan d'économies de plusieurs milliards d'euros.
Tout l’écosystème européen en souffrance Ce marasme économique allemand affecte ses partenaires et notamment les pays membres de l'Union européenne. Cela parce que l'Allemagne est le premier partenaire de pratiquement la moitié des pays de l'UE. Si son activité ralentit, mécaniquement, c'est celle des autres pays qui va aussi ralentir. Illustration en Italie. Le pays abrite bon nombre de sous-traitants de filiales allemandes, notamment dans la métallurgie et dans l'automobile. Ces deux secteurs font face à d'importantes difficultés en Allemagne. Cela a des conséquences directes sur la production en Italie. À ce propos, c'en est d'ailleurs la preuve, les exportations italiennes à destination de l'Allemagne ne cessent de diminuer: -3,7% en décembre dernier.
À lire aussiL'Italie, championne des exportations mais jusqu'à quand?
La situation pourrait même être plus inquiétante pour les pays d'Europe centrale. Par exemple la République tchèque ou la Pologne qui sont dépendantes de l'activité économique allemande. Si la production allemande se contracte, c'est la leur qui souffrira de plein fouet !
Faire face à la Chine et aux États-Unis Dans ce contexte, il est difficile de ne pas évoquer l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Ses menaces de droits de douanes tous azimuts risquent aussi d'affecter l'économie allemande et européenne à plus large échelle. L'inquiétude est réelle à Berlin puisqu’il y a quelques jours, le président de la Bundesbank, la banque centrale allemande s'en est lui-même fait l'écho. Il prévient que les mesures protectionnistes du président américain toucheraient fortement l'Allemagne et qu'il fallait que le pays s'adapte vite, pour ne pas dire en urgence. Et puis il y a aussi la Chine, concurrent qui sape la compétitivité allemande. Les deux pays ne jouent plus dans la même catégorie et c'est Berlin qui en pâtit le plus, cela notamment parce que Pékin subventionne la production industrielle notamment, production qui est le cœur de métier de l'Allemagne.
À lire aussiComment l'Allemagne tente de sauver son industrie et son économie
Tous ces éléments sont autant de dossiers en souffrance sur le bureau de la chancellerie. Car les prévisions de croissance pour 2025 restent positives mais elles diminuent de mois en mois. Une expression résume plutôt bien la situation, si l'Allemagne éternue ce sont les Européens qui toussent. Il ne reste maintenant qu'à préparer les mouchoirs, voire les médicaments !
03:14
Que retenir du premier mois de Donald Trump à la Maison Blanche
Episode in
Aujourd'hui l'économie
Cela fait un mois jour pour jour que Donald Trump est arrivé à la Maison Blanche. Trente jours durant lesquels le président américain a mis la planète dans une forme de tension. Le nouveau président américain est très vite passé à l’action en prenant des mesures économiques chocs. Décryptage.
Le chiffre peut donner le tournis en seulement trente jours puisque d’après NBC News, Donald Trump a signé 67 décrets depuis son arrivée au pouvoir. Et pour beaucoup il faut bien le dire, il est question d'économie et de finance. On retiendra surtout celui-ci, l'imposition de droits de douane pour tout produit venant du Mexique et du Canada à hauteur de 25%. Ces surtaxes, sur le papier auraient dû entrer en vigueur le 1er février dernier mais le président américain a fait marche arrière. Quelques heures avant l'entrée en vigueur de ce décret, et le Canada, et le Mexique ont trouvé un accord avec les États-Unis. Le projet a été suspendu pour un mois.
Personne ne semble épargné Ce sujet est d'ailleurs un marqueur très fort de son début de mandat. Donald Trump estime que les concessions faites par les voisins mexicain et canadien sont un triomphe pour lui. Mais dans les faits, d'un point de vue purement économique, pas grand-chose n'a changé sur cet aspect précis.
À lire aussiDroits de douane contre le Mexique et le Canada: les raisons du renoncement de Donald Trump
Par ailleurs, pendant toute sa campagne il promettait des tarifs douaniers de 60% à l'encontre de la Chine. Pareil, Donald Trump a revu à la baisse ses ambitions. Si Washington a repris la guerre commerciale qui l’oppose à Pékin, ce n'est qu'avec l'application de 10% de droits de douane supplémentaires sur les importations chinoises. Riposte immédiate de la Chine qui a mis en place une hausse des taxes sur les importations d'hydrocarbures aux États-Unis et une enquête contre Google. Le président américain entend aussi imposer toutes les importations d'aluminium et d'acier de 25% de taxes, cela qu'importe la provenance. Entrée en vigueur prévue le 12 mars. Beaucoup d'idées donc mais pour le moment, peu de mise en pratique !
Des mesures aux effets concrets Il y a notamment la mise sur pause du programme USAID, l’agence américaine pour le développement qui est le plus grand donateur au monde. Des centaines d'ONG et d'associations humanitaires sont concernées. Chaque année, ce sont près de 40 milliards de dollars qui sont distribués partout sur la planète. Et puis il y a aussi la mise en place du DOGE, le département de l'efficacité gouvernementale, mené par Elon Musk. Objectif : tailler à la serpe dans la fonction publique. Plan déjà concrétisé par la fin des périodes d'essai, l'interdiction du télétravail aux fonctionnaires et par un plan de départs volontaires. Environ 75 000 agents ont décidé de partir, en étant payés jusqu'à fin septembre. Cela représente environ 3% des fonctionnaires fédéraux. On retiendra aussi que la banque centrale américaine a laissé ses taux inchangés. La FED attend de voir les effets des politiques menées par Donald Trump avant de déterminer quel mouvement adopter concernant les taux d'intérêts.
Bref pour le moment, Donald Trump se montre à la manœuvre et occupe il faut bien le dire l'espace médiatique. Mais il reste difficile de comprendre ses stratégies économiques puisque leurs conséquences pourraient être négatives pour les Américains. Et puis il s'est beaucoup exprimé, à l'oral comme par écrit, il a beaucoup menacé mais adopter le bluff comme stratégie de long terme pourrait trouver ses limites.
03:19
Face à la Chine, les États-Unis à la recherche de métaux rares
Episode in
Aujourd'hui l'économie
C’est l’une des ambitions de Donald Trump : avoir accès aux minerais critiques en Ukraine. Ambition pour le moment balayée d'un revers de main par son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Mais derrière tout cela, il faut comprendre que les États-Unis sont à la recherche de métaux stratégiques. Décryptage.
Comme souvent, pour comprendre, quoi de mieux qu’un bref état des lieux. Quand on parle de ces métaux, sans pour autant être exhaustifs, on parle du lithium, du nickel, du cobalt, du graphite, du cuivre ou encore de terres rares. De tous ces métaux, c'est la Chine qui en est la principale productrice mondiale. Le secteur connait une croissance exponentielle depuis vingt ans : la demande a explosé avec des taux de croissance annuels à deux chiffres !
Des métaux rares utiles donc pour produire des batteries ou des panneaux solaires, mais pas que. Tous sont indispensables pour la téléphonie, les nouvelles technologies, l'espace mais aussi la défense et les systèmes de missiles, bref, tout ce qui est essentiel à l'industrie américaine et à son économie. Donald Trump veut d'ailleurs la stimuler voire la relancer via la production dans ces secteurs afin que les États-Unis soient compétitifs.
Il faut importer Pourtant, il y a un problème pour les États-Unis. Ils ne sont pas autonomes en métaux stratégiques. Prenons l'exemple des terres rares. Si les Chinois sont très loin devant, ce sont les Américains qui sont en deuxième position sur ce marché. Donc il est aisé de se dire que les États-Unis sont capables de rivaliser mais si le pays sait extraire ces terres rares, il n'a pas les capacités de raffinage que la Chine peut avoir. Résultat, les Américains doivent exporter cette matière première brute pour qu'elle soit raffinée ailleurs, par exemple au Canada, avant de revenir aux États-Unis. C'est donc pour cela que Donald Trump veut sécuriser l'approvisionnement des États-Unis en métaux stratégiques.
À lire aussiUkraine: les matières premières présentes dans les sols de plus en plus convoitées par les États-Unis
Des accords tous azimuts En scellant des accords à la source, directement avec des pays producteurs. Avec l'Ukraine mais pas seulement. L'Australie est dans le viseur de Donald Trump. Ce n'est d'ailleurs pas pour rien si Washington fait preuve d'une certaine mansuétude à l'égard de Canberra concernant des droits de douane de 25% sur l'acier et l'aluminium, parce que l'île-continent regorge de métaux stratégiques. Plusieurs gisements sont en cours de développement alors que 80% du pays n'a pas encore été prospecté. On pense aussi au Groenland, île de l'Atlantique-Nord objet de toutes les convoitises de Donald Trump, ou encore le Canada. Bref, des pays souvent menacés par le président américain, des menaces pour espérer obtenir quelque chose.
À lire aussiMining Indaba: quel avenir pour la politique minière des États-Unis en Afrique?
Le continent africain pourrait aussi connaitre un intérêt des Américains puisqu'il regorge de minerais essentiels à ces nouvelles technologies. Mais les relations avec les dirigeants du continent sont souvent complexes. Par exemple, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a appelé ses homologues à refuser d’ouvrir leurs mines aux États-Unis. Un choix contre la décision de Donald Trump d’offrir l’asile aux Afrikaners.
La marge de manœuvre apparait finalement étroite pour le président américain car s'il ne parvient pas à trouver d'accord avec les pays producteurs, et malgré ses menaces, ce sont bien les États-Unis qui pourraient être perdants sur toute la ligne !
03:16
Le Salvador abandonne le bitcoin comme monnaie officielle
Episode in
Aujourd'hui l'économie
Le Salvador était le premier à reconnaitre le bitcoin comme monnaie officielle et donc légale à travers le monde. Mais ce fut aussi à l'inverse le premier pays à mettre fin à la reconnaissance de cette cryptomonnaie. Pari raté donc pour le président de ce pays d’Amérique centrale. Décryptage.
En septembre 2021 Nayib Bukele en était fier, son pays était le premier au monde à adopter officiellement le bitcoin comme monnaie. Monnaie légale donc avec un cours légal. Concrètement, cette loi obligeait toutes les entreprises et les institutions du Salvador d'accepter tout paiement en bitcoin. Nayib Bukele estimait que cette mesure allait stimuler l'activité économique du pays en attirant des investissements et en accélérant des paiements. Mais trois ans et demi plus tard, force est de constater que ce qu'il considérait comme une opération de modernisation du Salvador n'a pas vraiment marché comme il l'avait envisagé.
Entre 200 et 400 millions de dollars La mayonnaise n'a pas pris, c'est aussi simple que ça. Déjà pour payer en bitcoin, il faut détenir du bitcoin, ce qui n'est franchement pas donné à tout le monde. Pourtant, le gouvernement a beaucoup investi pour que ça fonctionne. D'après le quotidien hispanique El Pais, entre 200 et 400 millions de dollars ont été mis sur la table notamment en créant une mesure incitative pour passer au bitcoin. Il suffisait de télécharger une application spécifique pour faire cette conversion. En contrepartie, vous receviez 30 dollars. Sauf que beaucoup de Salvadoriens ont fait la manipulation mais en sont restés là pour simplement gagner ces 30 dollars. D'après le bureau national de recherche économique, un organisme privé américain, pratiquement la moitié des téléchargements ont eu lieu au lancement de l'application. La banque centrale salvadorienne estime elle à moins de 2% l'envoi de fonds via ces cryptos entre janvier et novembre 2023.
Pression du FMI Le manque d’utilisateurs du bitcoin n’a pas été la seule raison à ce pas en arrière de Nayib Bukele. En fait, les autorités ont cédé aux demandes du Fonds monétaire international. Parce qu'il faut savoir que le Salvador fait face à une dette publique de 31 milliards de dollars, elle est conséquente puisqu'elle représente à peu près 85% du PIB du pays. Pour obtenir des liquidités, seul le FMI acceptait de prêter mais à une condition: mettre fin à la reconnaissance du bitcoin comme monnaie officielle, l'institution ayant toujours vu d'un mauvais œil cette décision. Le Salvador a donc cédé aux pressions du Fonds monétaire international qui devrait lui octroyer un prêt d'1,4 milliards de dollars.
À lire aussiLe FMI va accorder un prêt au Salvador sous conditions sur l'utilisation du bitcoin
Pourtant, le Salvador détient encore de cette cryptomonnaie dans ses réserves nationales. Même si le gouvernement est plutôt discret sur le montant, d'après le bureau national du bitcoin, le Salvador possède 6 050 bitcoins, d'une valeur d'environ 600 millions de dollars. Pour le moment, le pouvoir ne va pas y toucher mais Nayib Bukele mise sur son homologue américain. Donald Trump ne s'en cache pas, c'est un fervent défenseur des cryptomonnaies. Le président salvadorien estime qu'avec le nouveau locataire de la Maison Blanche, il y aura une « appréciation exponentielle du bitcoin ». Reste à savoir s'il en est convaincu ou s'il veut rassurer !
À lire aussiDonald Trump et les cryptomonnaies: quand le business est aussi politique
03:25
L'Italie, championne des exportations mais jusqu'à quand?
Episode in
Aujourd'hui l'économie
Les chiffres du commerce extérieur italien pour 2024 sont publiés lundi 17 février. Même si cela ne devrait pas durer, l'Italie est l'une des championnes européennes des exportations. Décryptage.
Tenez-vous bien, l'Italie est le quatrième exportateur mondial : elle est aux pieds du podium, derrière la Chine, les États-Unis et l'Allemagne. Le pays est en pointe pour vendre sa production tout autour de la planète. Les secteurs où l'industrie italienne brille, c'est la mode, l'ameublement, les matériaux, la construction et évidemment la production alimentaire et le vin. Ces exportations sont essentielles à l'économie italienne puisqu'elles représentent à peu près un tiers de son PIB.
L’explication de cette dynamique tient en un chiffre : 400 000. C'est le nombre d'entreprises industrielles dans le pays et c'est beaucoup. Àtitre d'exemple, la France en compte 250 000. La particularité de cette industrie italienne est que 99 % de ces structures sont des petites et moyennes entreprises (PME). Mais ce qui fait leur spécificité, c'est qu'elles sont regroupées en districts industriels, par secteurs donc, comme l'agroalimentaire ou le cuir pour ne citer qu'eux.
Des districts industriels puissants En étant regroupés par secteurs, cela favorise la complémentarité des entreprises. Autre aspect important, la concurrence est exacerbée dans ces tissus industriels. Cela pousse ces structures à sans cesse innover et donc à être en pointe sur certains marchés : le pays est alors bien intégré dans les chaînes de valeur.
L'autre explication de cette dynamique italienne des exportations se résume au fait que produire en Italie coûte moins cher que dans d'autres pays européens. Résultat : les produits sont vendus à un prix moins élévé, ce qui rend l'industrie italienne plus compétitive que d'autres.
La menace des taxes américainesPourtant, la croissance italienne est à peine positive. Cela signifie que la production stagne. Dans certains secteurs, elle est en chute libre : la production automobile a subi une chute de 43 % l'an passé, expliquée notamment par les difficultés du groupe Stellantis. C'est difficile aussi pour des secteurs porteurs de ces exportations comme la mode ou encore la métallurgie. On notera aussi que d'un côté la population vieillit et de l'autre les jeunes ne veulent plus travailler dans la production industrielle. Le modèle italien sembe arriver petit à petit à bout de souffle.
Mais les acheteurs ne sont plus au rendez-vous. L'Allemagne, le partenaire commercial principal de l'Italie, importe moins en raison de ses propres difficultés économiques. La demande se maintient toutefois du côté des États-Unis, le deuxième client du pays. Les entreprises américaines ont d'ailleurs dû faire du stock ces derniers mois avant l'entrée en vigueur d'éventuels droits de douane à l'encontre des pays membres de l'UE. Selon Confindustria, la fédération des entreprises italiennes, cette nouvelle taxation pourrait coûter entre 4 et 7 milliards d'euros par an à la péninsule italienne.
Mais cela est sans compter sur la Première ministre italienne Giorgia Meloni. La leader d'extrême droite entretient des liens étroits avec le président américain Donald Trump, une relation qui pourrait lui permettre d'obtenir des passe-droits.
À lire aussiComment expliquer les difficultés de l'industrie européenne?
03:30
More of sinatou saka View more
Géopolitique, le débat
Géopolitique parcourt les grandes régions du monde auxquelles sont associés des enjeux majeurs. Marie-France Chatin invite au débat chercheurs et experts, afin que soient expliqués et mis en lumière les différents mécanismes qui régissent les rapports entre les sociétés et leur environnement. Les invités de Géopolitique confrontent leurs regards sur un sujet d’actualité internationale. Une émission présentée par Marie-France Chatin. Réalisation et technique : Mathias Golshani. Avec la collaboration de Cécile Lavolot. *** Diffusions le samedi et le dimanche à 18h40 TU vers toutes cibles. Updated
Grand reportage
RFI propose un grand reportage réalisé par les envoyés spéciaux et les correspondants de la rédaction, partout dans le monde. Diffusion du lundi au jeudi vers toutes cibles à 11h10 TU, 19h40 TU. Et à 03h10 TU du mardi au vendredi. Le samedi et le dimanche à 10h10 TU, Patrick Adam, rédacteur en chef de l'information monde vous présente une version enrichie, sur 50 minutes avec la diffusion de deux Grands Reportages et à l’issue, un entretien avec leurs auteurs. Updated
Ici l'Europe
RFI et France 24 vous proposent un rendez-vous intitulé «Ici l’Europe». Un entretien avec une personnalité européenne signé Caroline de Camaret (France 24). Chaque semaine, le vendredi, un grand entretien avec une personnalité européenne, un entretien avec un des grands acteurs de l’Europe d’aujourd’hui, qui nous parle de la construction de l'Europe, de sa proximité avec les citoyens et des enjeux internationaux qui l’attendent. Une coproduction RFI/France24. *** Diffusions les vendredis à 19h10 TU vers toutes cibles, le samedi à 08h10 TU vers l'Amérique, l'Asie, l'Europe et 21h10 TU vers toutes cibles. Updated
You may also like View more
Wirtschaft | Deutsche Welle
Immer freitags laden wir ein zu "Wirtschaft im Gespräch". Bei uns zu Gast sind führende Ökonomen und Ökonominnen, aber auch Wirtschaftslenker, Unternehmerinnen, kritische Geister. Updated
Economics Explained
On Economics Explained, we take a look at interesting countries, policies, and decisions from the point of view of an economist. The world is an interesting place and we hope to uncover some of this intrigue in our short, informative podcasts. Updated
Talent Development Hot Seat: Interviews with Execu
The Talent Development Hot Seat podcast is a show dedicated to helping you develop the most important part of your organization – the people! Each week, Andy shares interviews with Talent Development professionals, thought leaders, and experts to share best practices, learn about the latest trends and find out what has been successful in the world of talent development. This podcast and community are designed to enable you to be successful in the world of Talent Development. If you work in Learning and Development (L&D) this is the podcast for you
Be sure to check out our website and join our membership community to learn more and connect with other exceptional talent development professionals.
http://www.talentdevelopmenthotseat.com/ Updated