Dans des registres différents, ils étaient, l'un et l'autre, deux êtres de qualité, que les amoureux du beau football et de la bonne gestion du beau football pleurent, et pleureront encore longtemps. RFI : Ici même, la semaine dernière, vous vantiez les vertus de la transparence, que la politique devrait envier au football. Le ballon rond est en deuil, en Afrique et dans le monde, puisque Augustin Sidy Diallo, président de la Fédération ivoirienne de football, a tiré sa révérence, le 21 novembre, quatre jours avant un autre jeune sexagénaire, Diego Maradona. D’abord, que vous inspire la disparition de ce génie, parmi les plus grands du football ? Trois jours de deuil national, des obsèques à la présidence de la République… Peu d’États en feraient autant pour les plus importants de leurs serviteurs. C’est dire ce que le football peut représenter pour de nombreux peuples. Maradona a certainement apporté plus de soleil dans la vie des Argentins qu’aucun dirigeant politique. Il faut savoir respecter cela, même lorsque l’on n’aime pas le football. D’ordinaire, en évoquant la réussite des jeunes d’origine modeste dans le sport, certains parlent d’ascenseur social. Et si c’était tout simplement la vie ? Certains politiciens aiment transmettre le pouvoir à leur progéniture. Mais sur le terrain sportif, c’est par le mérite que l’on acquiert sa place. C’est une autre des particularités de la transparence que nous évoquions ici. Si le fils de tel grand footballeur est aligné durablement dans une grande équipe, ce ne peut être que pour son travail et son génie. Qui s’en offusquerait, dès lors que le public peut librement apprécier ce qu’il vaut ? C’est à cette transparence que l’on doit, chaque année, la découverte de nouveaux Mbappé, Camavinga, et tant d’autres, dont le sort ne dépend pas de dirigeants politiques corrompus ou mesquins, prompts à confisquer les places au profit de leurs proches. Et qui donc était l’autre illustre disparu du football, pour qui sonne le glas ? Augustin Sidy Diallo, président de la Fédération ivoirienne de football. Après deux mandats, il s’apprêtait à passer la charge, mais les querelles de légitimité entre les prétendants à sa succession lui ont imposé une prolongation, qu’il n’avait ni souhaitée ni applaudie. Elle s’achèvera sans lui. Il n’aura, certes, pas tout réussi, mais quel président de Fédération de football en Afrique n’aurait aimé afficher un bilan comme le sien ? En deux mandats, les Eléphants ont atteint, par deux fois, la finale de la Coupe d’Afrique des nations, et l’ont même remportée une fois. « Il était attachant, humble et courtois », dit de lui un de ses proches collaborateurs. D’une courtoisie constante, même dans l’adversité, respectueux, dans la vie, comme dans le travail. D’une persévérance posée, et avec une incroyable aptitude à toujours rassembler les meilleurs professionnels, la meilleure équipe, pour remporter d’improbables victoires. L’arbitre ultime d’une vie d’homme demeure le temps, et il viendra, celui où son action sera unanimement saluée, peut-être même regrettée. Voilà une prédiction bien généreuse !... Une petite confession, si vous le permettez. Augustin Sidy Diallo mérite largement les hommages qui lui sont rendus dans son pays et à travers l’Afrique. Il mérite aussi ces quelques mots que nous lui consacrons ici, et que nous avons hésité à oser. Non pas parce qu’il y en avait déjà trop. Mais parce que des liens particuliers nous unissaient, et nous devons aux auditeurs l’honnêteté de cette précision. Fallait-il renoncer à rendre à un acteur public un hommage mérité, du seul fait qu’il est un ami, que nous pleurons avec les Ivoiriens, avec sa famille et avec toute la famille du football africain ? Ces scrupules déontologiques souffriront que nous saluions le goût du travail bien fait de Sidy Diallo, sa persévérance, son respect des personnes et des institutions. Puisse cela inspirer les jeunes générations ! Sidy, être ton ami, et même plus que cela, est un honneur, à tout jamais !
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