Les mots de l'actualité : une chronique pétillante qui éclaire en deux minutes un mot ou une expression entendue dans l'actualité.
L’Iran au cœur de l’actualité d’aujourd’hui ! Et l’Iran on le sait est le nom d’un grand état, la République islamique d’Iran. La république iranienne, l’influence iranienne, la révolution iranienne. Pas de problème, le nom Iran et l’adjectif iranien sont absolument courants, et sans concurrents pour désigner ce qui a un rapport avec cet état. Et pourtant cela ne fait pas un siècle que le pays s’appelle comme ça : cela date du milieu des années 30. Et le 25 décembre 1934, le ministre des Affaires étrangères de Reza Shah Pahlavi adressait une note aux Chancelleries, et aux missions diplomatiques, in demandant qu’on ne parle plus de Perse, mais d’Iran. Et donc, auparavant, on parlait de la Perse, un mot qui n’est plus du tout utilisé aujourd’hui comme un terme politique. Si le nom Iran a un destin officiel depuis un peu plus de quatre-vingts ans, il est beaucoup ancien que cela. Il est né dans la langue persane, renvoie d’abord, comme c’est très souvent le cas pour des noms de territoires, à un nom de peuple. Et il est de la même famille que le mot français aryen.
Pourquoi le choisir pour nommer le pays en 1934, ce pays qu’on appelle la Perse ? Par volonté de nouveauté, de rupture du nouveau régime, c’est certain. Mais aussi parce que le mot Perse peut évoquer un usage linguistique étranger à la Perse. Et l’histoire remonte très loin !
On sait bien que dans l’Antiquité les Perses ont été souvent en guerre avec leurs voisins, ou même ceux qui étaient plus loin, notamment les cités grecques. Les Perses veulent à plusieurs reprises envahir la Grèce, et lus tard, c’est un conquérant grec, Alexandre le Grand qui étendra ses prétentions guerrières jusqu’en Perse. Et ce sont les Grecs qui ont répandu dans le monde occidental de mot de Perse. Ils l’avaient trouvé sur place, c’est vrai. Mais si bien intégré à leur langue que parfois ils l’avaient soudé à un mot grec. Par exemple la grande ville, conquise et détruite par Alexandre, c’est Persépolis. Persé est bien un mot perse. Mais polis est grec, et signifie ville. Ce sont donc les Grecs qui ont donné cette appellation qui a franchi les frontières perses.
Le mot Perse existe toujours pour nommer l’ancien état. Mais l’adjectif persan est resté d’un usage courant, dans un certain nombre de situations ! Pour la langue par exemple : on parle du persan, qui d’ailleurs, avec quelques variantes, se parle bien au-delà des frontières iraniennes. Et quand il s’agit d’objets liés à une certaine culture, ancienne certes, mais toujours connue et révérée aujourd’hui, on se sert de cet adjectif ! Les tapis persans et les tentures persanes sont célèbres ! De même que les miniatures persanes, ces sortes de peintures sur manuscrit, qui sont une des formes d’art particulièrement développées en Perse ancienne, qui ont toute une histoire et mêle la calligraphie, l’enluminure, l’art de la couleur et du dessin de façon extrêmement raffinée. Et bien personne aujourd’hui ne parle de tapis iranien ou de miniatures iraniennes avec ce même sens !
Avertissement !Â
Ce texte est le document préparatoire à la chronique Les Mots de l’Actualité. Les contraintes de l’antenne et la durée précise de la chronique rendent indispensable un aménagement qui explique les différences entre les versions écrite et orale.
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En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF)
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