durée : 00:59:56 - Les Nuits de France Culture - par : Albane Penaranda - La secrétaire du général de Gaulle à Londres, Elisabeth de Miribel, se confiait dans "Mémoires du siècle" sur ce jour historique où elle a tapé à la machine le texte qui allait devenir l'Appel du 18 juin. En 1989, dans l'émission "Mémoires du siècle", c'est un témoin exceptionnel de la journée du 18 juin 1940 qui raconte le déroulement des événements à Londres aux côtés d'un général de Gaulle isolé. Elle s'appelle Elisabeth de Miribel, elle a 24 ans et elle est devenue à la hâte la secrétaire du Général. Issue d'une famille de militaire très traditionnelle et catholique, Elisabeth de Miribel s'oriente vers des études de psychologie et s'occupe de jeunes enfants en difficulté à Genève. En 1939, elle rentre en France afin de s'engager mais n'ayant pas de diplôme d'infirmière on la place comme traductrice au Quai d'Orsay avant de l'envoyer à Londres à la mission française de guerre économique dirigée par Paul Morand. C'est là qu'elle va rencontrer le général de Gaulle après la déclaration de l'armistice par le général Pétain. Révoltée par cette annonce, elle refuse alors de rentrer en France et devient l'une des plus proches collaboratrices de De Gaulle. Introduite le matin du 18 juin dans l'appartement de Seamore Place où de Gaulle venait provisoirement de prendre ses quartiers, on lui demande de taper à la machine un discours du Général, alors qu'elle était selon elle "nulle" en secrétariat. Elle raconte s'être retrouvée devant une écriture "illisible" et a eu recours au service de Geoffroy de Courcel, aide-de-camp du Général, pour tout déchiffrer. Le soir même de Gaulle parle aux Français à la BBC. "Quelques jours plus tard, nous nous sommes installés à Saint-Stephan's House, dans un étage un peu poussiéreux. C'était très primitif, nous avons dû taper à la machine sur des caisses renversées", se souvient-elle*.* Ils étaient selon elle comme des "dissidents" de l'Ambassade de France à Londres. Témoin privilégiée de cette journée historique, quand elle se remémore cette période de grande incertitude, elle compare de Gaulle à un "rocher dans la tempête" assez isolé. Elle loue sa vision des événements, sa grandeur et souhaite continuer à ses côtés. C'est elle qui demande par la suite à partir en mission de soutien au Canada pour y monter des Comités de la France libre. Elle y reste jusqu'en 1943 avant de rejoindre Alger et de s'engager ensuite comme correspondante de guerre auprès du général Leclerc. C'est en suivant la 2ème DB qu'elle entre dans Paris . Sur l'après-guerre, elle explique que "les jeux politiques ont repris assez vite et de Gaulle était très au-dessus et ne l'a pas supporté". Il était "comme un phare qui voyait très loin mais qui ignorait les détails proches". Membre du RPF créé par de Gaulle, ce qui lui a le plus plu, ce sont les débuts, qu'elle compare à des "moments de chevalerie". En 1949, elle entre au Carmel où elle reste quatre années. A sa sortie, une fois ses problèmes de santé réglés, elle retourne au Quai d'Orsay où elle mène une carrière exemplaire. Elle meurt en 2005 à l'âge de 89 ans et s'est aussi faite connaître en publiant de nombreuses biographies. Par Olivier Copin Mémoires du siècle - Elisabeth de Miribel (1ère diffusion : 07/08/1989)
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