Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu En ce temps-là, on présenta des enfants à Jésus pour qu'il leur impose les mains en priant. Mais les disciples les écartèrent vivement. Jésus leur dit : « Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent. » Il leur imposa les mains, puis il partit de là. Source : AELF Méditation Père Bernard Devert Jésus voyant que ses disciples rabrouent vivement les enfants leur rappelle que s'ils ne viennent pas à leur ressembler, ils se privent de l'accès au Royaume. Ayant une certaine idée d'eux-mêmes, ils jugent que la Parole ne saurait être entendue dans une cour de récréation. Vraiment, ce n'est pas connaître le Seigneur qui, dans toute situation, fait naître les conditions d'une re-création. Tous, nous sommes enfants de Dieu ; tous, nous sommes appelés à entrer dans la grâce de la filiation, suscitant l'espace d'un infini où la relation Dieu/homme est celle d'un Père à ses enfants. En cette semaine où nous avons célébré l'Assomption de Marie, rappelons-nous que Bernadette parlant de la Dame qu'elle avait vue à la grotte : « quelqu'un qui me regarde comme une personne, alors qu'elle est une toute jeune fille, qui plus est, pauvre ; elle sait qu'elle n'a pas de prix pour grand monde, moins encore pour le grand monde. Que de frères et de soeurs n'ont aucune considération pour être évalués à l'aune des critères d'une société cupide dans laquelle, pour compter, il est nécessaire d'en imposer pour ne point s'en laisser conter. Que d'adultes se trouvent dans la situation de ces enfants que l'on présenta à Jésus, en les priant de s'effacer. Je pense aux personnes âgées dépendantes, mais aussi aux soignants dont on respecte si peu la mission du « prendre soin », pour n'avoir pas le temps de l'assumer, à leur grande déception. Marie, dans sa 99ème année, a dû quitter sa chambre d'EHPAD pour être hospitalisée. Inquiète, bien que ne souffrant pas, elle demande vainement : « pourquoi suis-je là ». Parce que vous êtes là, s'entend-elle répondre par une auxiliaire de vie. A l'écoute de ces mots, Marie sourit et poursuit son interrogation : « suis-je là pour longtemps ». Il n'y a pas de nouvelle réponse, si tant est que la première en fut une. L'aide-soignante s'en est allée, pressée par les impératifs de son service, laissant derrière elle, sans doute à regrets, un silence dommageable, peu hospitalier. Marie, que j'accompagne, me glisse sur un ton qui se veut badin : « il ne fait pas bon vieillir ». Pourquoi suis-je encore là ; entendons : je ne sers à rien. Une charge. La société n'a d'attention que pour ceux qui lui sont utiles. La parole de Marie « n'imprime » pas. Son âge n'est-il pas celui déjà d'un certain effacement ; elle a bien saisi que sa présence est quasi incongrue, devant presque s'excuser de ne point s'être effacée pour n'avoir plus d'efficacité. La prolongation trop longue de la vie se révélerait-elle un passif. Pourquoi suis-je là, parce que vous êtes là - encore là. Les Hôpitaux, les EHPAD, sont des « écrins » pour les vies blessées par la maladie, les accidents et l'usure inexorable du temps ; des écrins, non pour enfermer mais protéger le plus précieux des joyaux : la vie. Pourquoi suis-je là ? Vous êtes là, Marie, parce que nous vous devons de vous accueillir, parce que vous êtes, vous. Le respect de la vie ne saurait autoriser à vous renvoyer. Que de soignants luttent pour qu'il en soit ainsi. Ne méritent-ils pas notre reconnaissance et notre prière pour être des acteurs de l'ombre qui, malgré les difficultés, laissent passer une lumière de tendresse, trace de l'espérance.
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