Paul Maurice Mathieu est le président du syndicat sénégalais des pilotes. Depuis le samedi 21 mars, il ne travaille plus. Les avions d’Air Sénégal sont cloués au sol. Les 15 pilotes de la compagnie sont au chômage technique. Mais ils ont décidé de faire don d’un million de francs CFA (1 500 euros) au ministère de la Santé pour l’aider à lutter contre la pandémie. « Ce n’est pas le moment d’être là à taper sur la table pour demander ci ou ça quand on sait que l’État est déjà ben pris à la gorge par ce problème, déclare-t-il. Il faudrait peut-être que nous soyons, nous aussi, un peu solidaires par rapport à la masse des Sénégalais ». Pour Air Sénégal comme pour beaucoup de compagnies, le Covid-19 est un accident industriel. Cependant, l’entreprise est stratégique pour l’État qui l’a déjà assuré de son soutien, selon Paul Maurice Mathieu. « Je pense qu’il y a une volonté gouvernementale très claire, poursuit-il. C’est une compagnie pour le pays qui doit être forte. Nous avons connu déjà deux ou trois faillites. Et je pense que le gouvernement et le président de la République en ont pris conscience. Ils font ce qu’il faut pour que nous ayons une compagnie pérenne ». Le soutien public est d’ailleurs la recommandation de l’IATA, l’Association international des transporteurs aériens. Sans aides publiques, les compagnies ne survivront pas. « Elles ont déjà un soutien important de leurs États parce qu’elles ne sont pas dans des conditions économiques suffisantes pour être indépendantes, explique Paul Coudon, spécialiste du secteur aérien. D’un côté, les marchés restent faibles, et de l’autre, ce sont des compagnies absolument nécessaires pour le développement futur. Donc, elles sont déjà sous perfusion ». Un secteur qui emploie sept millions de personnes Le transport aérien en Afrique pèse 56 milliards de dollars et emploie près de sept million de personnes. Dans ce secteur, une entreprise stratégique pourrait elle aussi se retrouver en difficulté. Il s’agit de l’Asecna, l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique, qui gère les aiguilleurs du ciel, mais aussi les pompiers d’aéroports dans dix-huit pays. Au total, 6 000 employés se retrouvent en activité réduite. Pourtant, il n'est pas question de mettre les employés au chômage, selon Louis Bakienon, directeur de l’exploitation et de la navigation de l’Asecna. « La réduction des vols va entraîner une perte importante pour l’Asecna, mais cela ne signifie pas à notre niveau une réduction des effectifs, détaille-t-il. Il y aura une diminution de certaines activités en termes de fonctionnement ou en termes d’investissement, mais tout l’effectif est maintenu au niveau de l’agence » L’Asecna est financée par les redevances payées par les compagnies aériennes. Pour l’heure, l’Asecna dispose encore d’une visibilité financière de trois mois, estime Louis Bakienon.
Comentarios