Un million et demi d'habitants, soit la moitié de la population du Grand Sud de Madagascar, sont en état d'insécurité alimentaire. Au-delà des distributions d'aide alimentaire d'urgence, des initiatives pour donner une solution sur le long terme aux ménages se mettent en place. Dans trois régions de l'extrême sud de Madagascar, ils sont des centaines de producteurs à s'être mis à transformer le manioc en gari pour pouvoir faire face à la période de soudure. Dans le petit local de l’association Mitambatra Soa, dans la commune de Bevala, une dizaine de femmes épluchent et coupent des morceaux de manioc. « Avant, on cuisait le manioc comme ça pour le manger », explique Vola, présidente de la coopérative, cultivatrice et mère de 12 enfants. « Après l’avoir déterré, on le mettait au soleil pour le sécher et tenter de le garder plus longtemps, mais il finissait par pourrir. On ne pouvait pas le garder plus de trois mois. Donc nous nous sommes concertés entre producteurs de manioc pour trouver une solution et le conserver plus longtemps. » Ici, le manioc ne finit pas directement dans les marmites, il est d’abord broyé, fermenté, torréfié et séché pour obtenir une farine épaisse. 240 à 480 kilos de gari sont donc produits par jour. « Le Programme alimentaire mondial nous a donné ces machines et on a commencé la transformation. Maintenant, on peut le conserver pendant trois ans et c’est beaucoup plus facile à cuisiner. Quand l’eau bout, on met le gari avec un peu de sucre et c’est prêt. En cinq minutes, c’est cuit. Même un enfant de six mois peut en manger », ajoute Vola. ► À lire aussi : à Madagascar, le prix des denrées alimentaires de base en hausse Manger à sa faim et se rémunérer grâce au gari Cette initiative a permis d’améliorer le quotidien d’un peu plus de 38 000 habitants dans les trois régions où elle est implantée. Parmi eux, Edwige Maho, mère de 10 enfants, cultivatrice et membre de la coopérative de Bevala. « Ça a changé notre vie parce qu’en ce moment mes enfants sont tous en bonne santé. Avant, on jetait notre manioc ou on le vendait très vite et pas cher avant qu’il ne soit plus bon et on était très touchés par la famine. Mais maintenant quand la période de soudure arrive, nous avons le gari en réserve et on peut manger souvent », se satisfait-elle. Dans la localité, le gari permet de manger à sa faim, mais aussi donner une source de revenus aux femmes de l’association. « On fait du pain, des gâteaux et des sambos et des beignets et on va les vendre », explique Edwige Maho. Une majorité de femmes gestionnaires des unités de production Parmi les 200 gestionnaires des unités de production de cette farine dans l’extrême sud, 60% sont des femmes. À l’entrée du local, Vola dispose dans de grandes boîtes en plastiques, des biscuits préparés à base de gari. « Avant on vendait des tas de manioc au marché. Cinq pièces pour 1000 ariary et même parfois pour seulement 400 ariary. Mais maintenant en vendant la farine ou les biscuits à base de gari on gagne entre 4000 et 5000 ariary », déclare Vola. ► À écouter aussi : Agriculture en Afrique, une affaire de femmes ? Dix-huit communes ont adopté cette méthode pour faire face au kéré.
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