Depuis quelques mois, un scandale a plongé l'académie suédoise de littérature - qui décerne le prix Nobel de littérature - dans la tourmente. Un Français, Jean-Claude Arnault, époux d'une académicienne, est notamment accusé d'avoir divulgué les noms des futurs prix Nobel et d'avoir agressé sexuellement au moins dix-huit femmes. Son procès est prévu pour le 18 septembre et même si l'on pourrait penser que l'affaire est désormais close jusqu'au verdict, c'est loin d'être le cas. Cette affaire a déclenché des démissions en cascade au sein de l’Académie qui a décidé le report d’un an de l’attribution du Nobel de littérature. Une première depuis la Seconde Guerre mondiale ! Mais on se demande aujourd’hui si ce retrait volontaire ne va pas durer plus longtemps, l’Académie faisant face à de nombreuses difficultés. Elle ne compte plus que dix membres, sur dix-huit, et ne peut toujours pas désigner de nouveaux titulaires alors qu’elle est censée faire sa rentrée le 6 septembre. En Suède, beaucoup craignent que le comité Nobel, celui qui détient les cordons de la bourse et qui finance les différents prix Nobel, ne perde patience. Car si l’Académie de littérature est incapable de faire le ménage dans ses rangs, l’honneur de choisir le lauréat pourrait finalement revenir à une autre institution ce qui serait un véritable drame national. Un prix élitiste, symbole de la Suède En Suède, les Nobel font partie du paysage. Le gala de la remise des prix est diffusé en direct à la télévision. C’est une grande fierté, car les prix Nobel - récompense suprême, universelle- sont, de fait, décernés par un petit groupe de Suédois, « perdus » au nord de l’Europe. Le scandale de l’académie de littérature souligne ce paradoxe et à terme, dans d’autres disciplines on pourrait se faire la même réflexion : pourquoi la Suède continuerait-elle à décerner le prix Nobel ? Le prix Nobel, version suédoise, menacée ? Il est encore trop tôt pour déterminer si le prix Nobel, dans sa version suédoise, est menacé ou non. Mais comme il n’y a pas de Nobel de littérature en 2018, des intellectuels suédois ont décidé de créer leur propre prix. Ce « Nouveau prix de littérature 2018 », c’est son nom, est quand même doté de 100 000 euros, et il vient d’annoncer la liste de ses quatre finalistes. Parmi eux, il y a par exemple, l’écrivaine française Maryse Condé, qui a si bien écrit sur les Caraïbes et l’Afrique. Elle aurait certainement fait un très beau prix Nobel 2018, mais le 12 octobre elle sera peut-être la lauréate de ce nouveau prix. L’académie suédoise de littérature doit donc retrouver très vite sa sérénité, car la concurrence est déjà prête.
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