13h20 : Artemisia Gentileschi, l'unique Nous sommes le 13 novembre 1649, à Naples. Artemisia Gentileschi, peintre à succès, écrit à Don Antonio Ruffo, grand collectionneur d'art : « Mon Illustrissime Seigneur, ( ... ) Pour ce qui est du prix que ce Monsieur veut connaître, avant que l'œuvre soit exécutée, croyez-moi, en tant que je suis votre servante, il agit fort mal s'il croit fermement ne point se tromper et peser sur ma conscience, que j'estime plus que tout l'or du monde. ( ... )Mais puisqu'il plaît à Votre Seigneurie Illustrissime, qu'il en soit fait selon vos ordres, veuillez dire à ce Monsieur que je peux les faire voir à tout le monde, et que s'il trouve que lesdits tableaux ne valent pas deux cents écus de plus, je ne veux point qu'il me les paye. Le contrat [est] conclu, et j'assure Votre Seigneurie Illustrissime que ce sont là des tableaux qui comportent des figures nues et des femmes, qui coûtent très cher et vous causent de grands casse-tête ; et lorsqu'on y trouve parfois quelque chose de bon, on me plume à rebrousse-poil, et parfois il faut se soumettre à de petites bagatelles avec la patience de Job. Quant à vouloir faire des esquisses et à les envoyer, j'ai fait résolument le vœu de n'envoyer jamais plus d'esquisses de ma main, car j'ai été victime de forts méchants tours ; et, en particulier, aujourd'hui même, je me suis trouvée avoir fait une esquisse sur des âmes du Purgatoire pour l'évêque de Sant'Agata, et cette esquisse, pour dépenser moins, on l'a fait exécuter par un autre peintre, lequel travaille à partir des fruits de mon labeur. Si j'avais été un homme, je ne sais comment cela se serait passé (...) Je ne saurais rien ajouter d'autre, si ce n'est que je baise les mains de votre Seigneurie Illustrissime et je vous fais une très humble Révérence, en priant le Ciel de vous accorder le comble de toute félicité. » Artémisia Gentileschi, « l'unique femme en Italie, écrira le critique Roberto Longhi, qui ait jamais su ce que voulait dire peinture, couleur, mélange, et autres notions essentielles. » Invitée : Anne Hustache, historienne de l'art. 14 heures : » God don't bless America ! » Les subversifs hollywoodiens. (2/4) Un grand nombre de réalisateurs américains (des années 40 à nos jours) ont réalisé (et réalisent toujours), tout en s'inscrivant dans le cadre hollywoodien commercial classique, des petits et grands chefs-d'œuvre séditieux. Un art du contournement et, en particulier, le contournement de la censure et de l'autocensure pratiquées dans les grands studios ! Des films à lire entre les lignes, ou plutôt à voir entre les plans. Un art que maîtrisaient, entre autres : Howard Hawks, George Cukor, Frank Capra, Alfred Hitchcock, Blake Edwards, Orson Welles, Stuart Rosenberg ... mais aussi James Gray, ou encore les frères Coen. L'invité de Jean-Louis Dupont pour « Décadrages », Jean-Philippe Costes, est titulaire d'une Maîtrise en Droit Public, d'un D.E.A et d'un Doctorat en Science Politique (Université Paris II Panthéon - Assas). Il a collaboré à diverses revues (Hors Champ, Versus, Positif) et est l'auteur de l'ouvrage : « Les subversifs hollywoodiens. L'esprit critique du cinéma grand public » paru aux Editions Liber.
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